Lundi matin déjà, la Fondation Gianadda accueillait à Martigny ses premiers visiteurs déconfinés et pas déconfits du tout. Un public clairsemé pour cette petite rentrée, mais un public heureux. A 11h, nous sommes vingt pour découvrir les chefs-d’œuvre suisses de la collection privée de l’industriel et politicien Christoph Blocher. Un nombre idéal pour apprécier tout tranquillement les toiles de Ferdinand Hodler et d’Albert Anker, joyaux de ce choix de 127 œuvres.
Les premiers visiteurs sont venus de Sion, de Genève, de Lausanne ou de la proche ville d’Ollon. Certains sont en vacances, ayant troqué in extremis un séjour italien contre une villégiature valaisanne.
Un seul masque dans le public
Sur la vingtaine de personnes présentes, une seule est masquée et personne n’éprouve la moindre crainte à arpenter un parcours où quelques panneaux marqués "pas plus de deux visiteurs à la fois" rappellent que la situation reste exceptionnelle. De même, à l’entrée, une bouteille de solution hydroalcoolique accueille les arrivants, rituel banal désormais que l’on soit dans un musée, un magasin ou une administration.
Les grandes foules, on ne les verra pas cet été pour cause de mesures sanitaires. Raison de plus pour voir ou revoir en toute tranquillité cette collection privée helvétique exceptionnelle où dominent paysages, portraits et scènes de la vie quotidienne au tournant des XIXe et XXe siècles.
Ainsi une dramatique "Vente aux enchères" dépeinte par Albert Anker en 1891: toute la détresse d’une paysanne qui voit s’éparpiller ses biens… Ou cette apaisante vue du Léman peinte par Hodler depuis les hauteurs de Chexbres en 1911. Toute trace d’urbanisation et de modernité a été soigneusement escamotée par le peintre épris de pur paysage.
Pandémie et générosité du collectionneur obligent, l’exposition est prolongée jusqu’au 22 novembre 2020.
Thierry Sartoretti/mh