Publié

Les héliogrammes de Monique Jacot à l'honneur au Musée Jenisch

La photographe Monique Jacot en 1999. [Keystone - Markus Stuecklin]
Un regard et son empreinte. / Vertigo / 10 min. / le 11 août 2020
Le Musée Jenisch de Vevey consacre jusqu'au 6 décembre 2020 une importante exposition aux oeuvres de la photographe suisse romande Monique Jacot, intitulée "Transferts et héliogrammes".

C'est une pionnière, dont la carrière a été couronnée en juin dernier par le Prix suisse d'art et de design 2020. Photographe reconnue pour ses reportages engagés, notamment en faveur de la cause des femmes, à l'image de sa série "Femmes de la terre" (1989), "Printemps de femmes" (1994) ou encore "Cadences ‑ L'usine au féminin" (1999), Monique Jacot, 86 ans, a aussi travaillé pour des magazines prestigieux comme Vogue, Du, Elle, Geo, Times, etc.

Elle a été une des femmes reporters suisses des plus importantes dans les années 1960-1890, à une époque où le métier était encore très peu féminin.

En parallèle à son activité de photojournaliste, Monique Jacot développe depuis les années 1980 la technique du transfert Polaroïd sur papier. Le Pavillon de l'estampe du Musée Jenisch lui consacre une exposition qui dévoile cette autre part du talent de Monique Jacot: une oeuvre entre la photographie et l'estampe, où se dépose, se superpose et se compose un univers poétique, lyrique et surréaliste.

Jacot libellule [Musée Jenisch Vevey - Julien Gremaud]
Jacot libellule [Musée Jenisch Vevey - Julien Gremaud]

Une élégance visuelle

D'un côté, il y a les transferts, où la photographie pioche dans ses archives, portraits de femmes, fleurs, scènes orientales que Monique Jacot réinterprète en les reproduisant sur un film Polaroïd récepteur. Elle interrompt la durée du développement. Le négatif est séparé du positif à la main puis pressé avec un rouleau sur un papier aquarelle humide. Résultat: des images troubles, picturales, profondes, vibrantes.

De l'autre côté, il y a les héliogrammes, seize inédits montrés pour la première fois et  imprimés à l'Atelier de Saint-Prex entre 2014 et 2015. Des oeuvres à mi-chemin entre le photogramme et l'héliogravure, ce qui donne aux images quelque chose de très intense, précieux, énigmatique, magique. Les héliogrammes explorent en camaïeu les motifs de la plume et du nid repérés au hasard des voyages de Monique Jacot.

Un des héliogrammes de plumes de Monique Jacot. [Musée Jenisch Vevey - Julien Gremaud]
Un des héliogrammes de plumes de Monique Jacot. [Musée Jenisch Vevey - Julien Gremaud]

"J'ai commencé à collectionner les plumes en allant à la plage, au Bain des Dames à Cully. C'étaient le plus souvent des plumes de cygnes. J'aime ce mélange de fragilité et de texture, et je me souviens avoir été marquée par l'oeuvre de Rebecca Horn, en particulier par son ventilateur en plumes", dit Monique Jacot.

Quand elle ne trouve pas de plumes, elle ramasse tout ce qu'elle trouve dans son jardin, véritable terrain d'exploration entre le monde végétal et animal. "Quand je découvre un lézard mort intact, c'est un véritable cadeau" s'amuse celle qui dit n'avoir jamais eu de courage, sinon celui de faire ce qu'elle avait envie. C'est son côté sorcière, un terme qu'elle revendique comme force créative. "On en parlait souvent avec Niki de Saint-Phalle. Je crois que toutes les femmes artistes ont un côté sorcière".

Sujet radio: Florence Grivel

Adaptation web: Lara Donnet

La photographe Monique Jacot pour son exposition "Transferts et héliogrammes" à découvrir au Pavillon de l'estampe au musée Jenisch de Vevey, jusqu'au 6 décembre 2020.

Publié