Publié

Les dernières heures de Pompéi comme si vous y étiez

Vue de l'exposition "Pompéi" au Grand Palais, à Paris. [Grand Palais - Didier Plowy]
Pompéi au Grand Palais à Paris / Vertigo / 4 min. / le 25 septembre 2020
En l’an 79, le Vésuve s'est réveillé après 800 ans d’inactivité et a tout englouti en quelques heures, dont la prospère Pompéi. Le Grand Palais à Paris consacre une exposition aux nouvelles découvertes qui ont été faites sur le site.

Pendant des années, le site de Pompéi, laissé à l'abandon, s'est dégradé malgré son inscription au patrimoine mondial de l’Unesco. La faute, notamment, au flux de touristes. Il a fallu qu’une des maisons s’écroule en 2010 pour qu'on s'en inquiète. En 2014, l’Union européenne et l’Italie réinjectent alors plus de 100 millions d’euros pour sécuriser et consolider le site mais aussi pour entamer de nouvelles fouilles sur une zone encore inexplorée.

La date de l'éruption mise en cause

La nouvelle équipe a exhumé des fresques, des mosaïques, de nouvelles demeures comme la villa au jardin et la villa d’Orion. Elle a même fait une découverte historique majeure qui remet en cause la date de l’éruption du Vésuve, qu’on situait en été 79: une inscription sur un mur datée de l’automne 79 prouve que les Pompéiens étaient encore en vie à ce moment-là.

L'exposition met donc en scène ces nouvelles découvertes quitte, parfois, à ce que la forme, spectaculaire, l’emporte sur le fond. L’idée de la scénographie est de nous plonger dans une rue de Pompéi avec des animations en 3D et des maisons dans lesquelles on entre. Dans l’une d’elles, on découvre une série d'œuvres retrouvées sur les murs et les sols de Pompéi. L’occasion de rappeler la virtuosité des artistes de l’époque, et l’incroyable richesse chromatique et thématique de ces œuvres réalisées il y a deux mille ans.

Vue de l'exposition "Pompéi" au Grand Palais, à Paris. [Grand Palais - Didier Plowy]
Vue de l'exposition "Pompéi" au Grand Palais, à Paris. [Grand Palais - Didier Plowy]

L'éruption en immersion

Le Grand Palais consacre aussi une partie de l'exposition à l'éruption proprement dite et aux heures qui l’ont précédée: la rue dans laquelle on se balade se fait ensevelir numériquement toutes les 20 minutes. C’est très impressionnant.

A l’époque, les Pompéiens pensaient que le Vésuve était une montagne. Il faut imaginer leur surprise quand le bouchon de lave qui obturait le cratère a explosé, et qu’une colonne de cendres de 32 kilomètres s'est étendue aux alentours, poussée par le vent! Pompéi est alors bombardée de pierres ponces pendant sept heures. Puis, après cette pluie dantesque, et une fois la colonne écroulée, la lave a glissé le long des falaises du Vésuve "comme une chevelure sur les épaules du volcan" selon Victor Hugo.

Un couple enlacé comme une énigme

Reconstitution d'une rue de Pompéi. Derrière, le Vésuve en éruption. [Grand Palais]
Reconstitution d'une rue de Pompéi. Derrière, le Vésuve en éruption. [Grand Palais]

Pompéi sera ensevelie sous cinq mètres de matière volcanique. On ne reverra le soleil que deux jours plus tard. L’exposition fait vivre cette explosion en 3D et évoque le sort de ses habitants, dont certains sont arrivés jusqu'à nous, sous forme de moulage, grâce à une technique mise au point au 19e siècle.

Dans l’exposition, on voit notamment deux corps enlacés très émouvants, deux corps autour desquels les spéculations ont été nombreuses. Grâce aux analyses ADN, on sait aujourd'hui qu'il s'agit de deux personnes sans lien de parenté: l’une est un jeune homme de 18 ans et l’autre a 20 ans mais son sexe n’a pas pu être déterminé.

S’agit-il d’un homme et d’une femme saisis dans un dernier élan, comme le soutenait mordicus l’Italie fasciste de Mussolini? D’un couple d’hommes amoureux? Ou de deux inconnus réunis par peur ou par hasard dans la mort? Il est des questions liées à Pompéi auxquelles on ne pourra certainement jamais répondre, et c’est aussi bien ainsi.

Ariane Hasler/mcm

L’exposition "Pompéi" vient d’être prolongée jusqu’au 2 novembre, au Grand Palais, à Paris.

Publié