Il s'appelle Gino Severini (1883-1966). Ce peintre italien a souvent oeuvré en Suisse, où son nom est associé au renouveau de l'art religieux, très fécond au début du siècle dernier en Romandie.
Né en Toscane en 1883 et mort à Paris en 1966, Gino Severini traverse les différents mouvements artistiques qui agitent le monde de la peinture en ce début de XXe siècle. Cofondateur du futurisme, qui veut faire table rase du passé en prônant les valeurs de la vitesse et de la technique, il est aussi un brillant théoricien de l'art.
Mais alors que les futuristes peignent généralement des voitures ou des machines, symboles d'une société nouvelle, Severini préfère déjà la figure humaine comme source du mouvement énergétique.
Installé à Paris en 1906, Severini est proche de l’avant-garde artistique de la capitale française, de Pablo Picasso à Georges Braque ou Amedeo Modigliani en passant par les poètes Guillaume Apollinaire et Paul Fort, dont il épouse la fille.
Après s'être adonné au pointillisme, puis au cubisme, Severini revient à un art classique basé sur la figuration traditionnelle. Dès 1920, il manifeste un vif intérêt pour l'art sacré et réalise en 1934, à l'intérieur de la basilique Notre-Dame du Valentin, une gigantesque fresque mariale de 200 m2.
Sur fond d’or - unique en Suisse romande - la Vierge à l’Enfant relie Rome la catholique à Lausanne la protestante, mais aussi la tradition avec la modernité. A droite de la peinture murale, on aperçoit la basilique St-Pierre de Rome et à gauche la Cathédrale vaudoise, ainsi que la tour Bel-Air, construite en 1931, et considérée comme une "offense à la raison et au bon goût" par le rédacteur en chef de la Gazette de Lausanne.
A la fois byzantinisante et cubiste, profane et sacrée, cette peinture murale est probablement l'oeuvre à caractère religieux la plus aboutie de l'artiste italien.
Mais cette "merveille", ainsi qualifiée par le futur cardinal Charles Journet en 1935, est aujourd'hui menacée par une détérioration progressive. Des fissures sillonnent la fresque et une longue balafre griffe la robe vert émeraude de la Vierge, notamment. Sans une restauration urgente et complète, sa beauté pourrait être perdue.
Pour éviter cette perte, la Fondation d’Olcah a été créée pour rechercher les ressources financières nécessaires. Elle a déjà réuni réuni 4,7 millions de francs sur les 5,9 millions nécessaires à la première phase des travaux, qui devraient démarrer en 2021.
Mais avant d'ouvrir ce chantier, la restauration exige une connaissance détaillée des caractéristiques techniques de l’ouvrage, très peu connues jusqu’à présent. Une vaste collaboration nationale a donc été lancée, financée par le Fonds national suisse pour la recherche scientifique. L’institution responsable est la SUPSI (Université des Sciences et Arts Appliqués de la Suisse italienne), en collaboration avec l’Université de Lausanne (UNIL, Prof. Dave Lüthi) et la Haute École des Arts de Berne (HKB).