Ecrivain-e-s, plasticien-ne-s et musicien-ne-s avaient jusqu'à dimanche 8 novembre pour se manifester: 24 heures après les délais, les trois premiers artistes invités entraient au musée. Ainsi, à La Chaux-de-Fonds, les artistes peuvent utiliser les salles du Musée des Beaux-Arts comme lieu de résidence, sans frais. Offrir à des artistes une place de travail dans les salles d'exposition, comme un temps de laboratoire et de recherche dans l'idée que toutes les oeuvres qui les entourent stimulent la création, c'est l'idée du directeur de l'institution, David Lemaire.
Une idée qui a germé avant cette nouvelle fermeture imposée par la pandémie. Au début de l'été, un artiste demande à David Lemaire de pouvoir réaliser une capsule vidéo à l'intérieur du musée. "On se demandait comment gérer ça avec les visiteurs. (...) Et en fait, le musée est un endroit pour tout le monde, autant les visiteurs que les artistes", explique le directeur à la RTS.
Une résidence d'artistes
Théoriquement, le musée est fermé jusqu'au 22 novembre, le Musée des Beaux-Arts a reçu plus d'une cinquantaine de candidatures. "L'objectif est d'accueillir le plus de gens possible, c'est une réussite. On va essayer de la transformer en réussite totale pour ces artistes. Pour cela, on verra ce que l'avenir nous réserve", ajoute David Lemaire.
Actuellement, cinq places de travail sont à disposition dans les 2500 m2 d'exposition. Il y en aura cinq autres la semaine prochaine. Si la fermeture se prolonge, le musée remettra cinq places à disposition chaque semaine. Les places sont attribuées en fonction de l'ordre d'arrivée des candidatures. "Un petit arbitrage est fait pour ne pas mettre un musicien extrêmement bruyant à côté d'un écrivain qui a besoin de tranquillité", explique David Lemaire.
L'art est un domaine très compétitif. On ne voulait pas rajouter au stress de toutes sortes de projets annulés, le stress supplémentaire d'une compétition. L'idée était d'accueillir tous les gens que l'on pouvait accueillir.
Donner vie au musée
Pour toute l'équipe du musée, il était important que le lieu reste vivant malgré la fermeture. Réfléchir, travailler, contempler ou se nourrir, tel est, pour David Lemaire, le but d'une visite au musée. "Finalement, ce n'est pas un changement, mais plutôt un déplacement de curseur. Un musée est une interface entre le travail des artistes et le public. Là, on ne peut plus travailler avec le public, donc on a déplacé le curseur en direction des artistes pour acter le fait que c'est un véritable lieu de vie, un lieu où le rapport au monde se nourrit", souligne David Lemaire.
Lors du premier confinement, le Musée des Beaux-Arts de La Chaux-de-Fonds avait sollicité son public en l'invitant à reproduire des oeuvres. Un véritable carton. "Ce qui importe, plus que la fréquentation, c'est la qualité des rencontres. Là, les gens qui reviennent au musée après s'être approprié une oeuvre vont retrouver cette oeuvre avec une émotion différente. De la même manière, les artistes qui viennent au musée et l'utilisent comme un outil de travail vont vivre une autre expérience avec les expositions qui seront en place lorsqu'ils y reviendront", conclut David Lemaire.
Propos recueillis par Julie Evard
Adaptation web: Lara Donnet
A Yverdon, deux théâtres offrent cinq bourses artistiques
L'Echandole et Benno Besson, les deux théâtres municipaux d'Yverdon-les-Bains (VD), veulent soutenir la création locale en cette période de pandémie et de crise pour la culture. Avec le soutien du Service de la Culture de la Ville, ils lancent un appel à des projets artistiques en mettant au concours cinq bourses de 10'000 francs.
Les deux théâtres disent être "soucieux de rester en lien et en soutien avec les artistes du Nord-vaudois", écrivent-ils jeudi dans un communiqué, conjointement avec la Municipalité. A la suite des annulations de plusieurs spectacles durant le semi-confinement du printemps, un montant de 50'000 francs a pu être libéré dans les budgets des deux institutions, précisent-ils.
"Cette mesure exceptionnelle, conséquence directe du Covid-19, donnera aux artistes fortement impactés par la crise sanitaire de 2020 l'opportunité de continuer à exercer leur pratique en 2021", soulignent-ils. "Elle permettra également aux yverdonnois de bénéficier de propositions culturelles de qualité qui stimuleront à leur tour le lien social et la vie locale". ATS