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Un musée virtuel nous plonge dans l'intimité du peintre Kandinsky

L'affiche de l'exposition virtuelle "Dans l'intimité de Kandinsky" proposée par le Centre Pompidou en collaboration avec Google Arts & Culture (2021). [Centre Pompidou / Google Arts & Culture (2021)]
Quand la peinture de Kandinsky s'écoute / L'Echo des Pavanes / 12 min. / le 3 mars 2021
L'expérience virtuelle "Dans l’intimité de Kandinsky", proposée par le Centre Pompidou et réalisée en collaboration avec Google Arts&Culture, dévoile la vie et l'oeuvre du père de l'art abstrait et permet d'entendre les sons de ses couleurs.

La musique a joué un rôle de premier plan dans l’œuvre picturale du maître de l’abstraction. Violoncelliste, pianiste et grand mélomane, Kandinsky était également doté de la faculté de synesthésie, un phénomène neurologique très rare qui consiste à éveiller plusieurs sens en réponse à un seul stimulus.

Dans le cas de Kandinsky, le sens de l’audition était associé à celui de la vue. Chaque son avait une couleur, et vice-versa, ce qui lui permettait de voir la musique et d’entendre la couleur. Il a théorisé ces correspondances dans des écrits tels que "Du spirituel dans l’art" (publié en 1911), où il explore les rapports entre la forme et la couleur, la peinture et la musique. Cette faculté de synesthésie lui a permis de transcrire en peinture les sons et de se diriger vers plus d'abstraction dans son art.

Traduction en musique des couleurs et des formes

L’exposition propose au public d’entrer au cœur de ces perceptions simultanées de Kandinsky à travers la plate-forme "Play a Kandinsky". Grâce au machine learning (l’apprentissage automatique) et aux outils d’intelligence artificielle, il est possible de traduire en musique les couleurs et les formes de l’une des toiles les plus célèbres du peintre russe: "Jaune, rouge, bleu", un tableau de 1925 dans lequel il a mis en pratique ses théories sur les vibrations sonores, visuelles et sensorielles.

En cliquant sur des zones à l'intérieur du tableau ou sur les formes géométriques abstraites qui le composent, on entend des motifs sonores. Une forme jaune déclenche des sons de trompette que Stravinsky reliait à "la passion, la folie douce", alors qu’un triangle bleu fait entendre un son d’orgue, "évoquant la paix, l’émotion céleste".

Dans les coulisses de l'exploit

Afin de traduire les couleurs en sons, les équipes de Google ont collaboré avec deux artistes de musique contemporaine, Antoine Bertin et NSDOS, qui ont entraîné l'outil Google Transformer avec des milliers d'heure de musique: classique, pop ou jazz.

Pour donner le "Kandinsky touch" les deux artistes ont nourri ce "réseau de neurones" avec les fameuses archives musicales du peintre ou des morceaux de l'époque. À partir de cette énorme bibliothèque sonore, l’algorithme a généré des mélodies que l'on imagine celles que Kandisky aurait pu entendre en travaillant sur son tableau "Jaune, rouge, bleu".

"En entraînant la machine sur la collection retrouvée dans l'atelier de Kandinsky, explique Antoine Bertin, on l’a invitée à former des variations, à trouver des ressemblances et à générer de nouvelles partitions en mettant en rapport ces sons d'époque et l’immense quantité de musique apprise par le système. Nous avions envie de faire un pont entre l'époque de Kandinsky et aujourd'hui en nous demandant, à travers notre interprétation et celle de la machine: qu’est-ce que Kandinsky entendait quand il a peint cette toile et qu'entendrait-il en 2021, s’il avait été exposé à toutes ces nouvelles textures et ces nouvelles manières de composer".

Gourmand et mégalo

Riche de plus de 3000 œuvres, la vie et l'oeuvre du père de l'art abstrait est présenté à travers 28 expositions thématiques, avec des images souvent inédites.

Ce sont ses dimensions et l'immensité du corpus d'oeuvres analysés qui donnent une dimension absolument unique à ce musée virtuel gourmand, voire mégalo, que l'on ne pourrait pas imaginer dans la vraie vie. Pandémie ou pas.

Miruna Coca-Cozma et Anya Leveillé

"Dans l'intimité de Kandinsky", un projet virtuel du Centre Pompidou en collaboration avec Google Arts&Culture

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