Les utopies ont le vent en poupe en période de crise. La nouvelle exposition du Musée national suisse de Zurich explore ce phénomène en le mettant en perspective avec l'Histoire et l'actualité.
La pandémie de coronavirus dévoile aux yeux du monde les limites de la normalité habituelle. L'exposition met en lumière les idées actuelles pour l'avenir, les inscrit dans un contexte historique et les place en perspective avec les événements actuels.
"La pandémie de coronavirus est la plus profonde rupture qu'il nous a été donné de vivre depuis la Seconde Guerre mondiale. Il n'est donc pas étonnant qu'interprétations et prédictions en tout genre germent aujourd'hui", relève l'exposition "Virus - Crise - Utopie" qui tente de démêler les fils du temps.
Un regard sur notre passé montre que la pensée utopique a toujours été hétéroclite et, si certaines visions se sont révélées prémonitoires, d'autres n’étaient que de pures vues de l'esprit. Il en va de même aujourd'hui avec les utopies post-coronavirus.
"Les utopies racontent toujours quelque chose de l'époque"
L'exposition montre notamment les utopies qui n'ont pas vraiment fonctionné. Comme le retour à l'artisanat médiéval voulu par William Morris, qui au 19e, s'élevait contre l'industrialisation. Mais il y a aussi des utopies qui ont connu le succès, comme le premier vaccin de l'histoire, qui a permis d'éradiquer totalement la variole.
Mais pour la curatrice de l'exposition, Marina Amstad, ce qui compte, ce n'est pas de savoir ce qui a réussi: "les utopies racontent toujours quelque chose de l'époque à laquelle elles sont apparues. Il ne s'agit alors pas forcément d'arriver à atteindre un idéal, mais plutôt d'identifier ce qui ne fonctionne pas dans le présent. Et c'est exactement ce que l'on expérimente avec cette crise du coronavirus. D'un coup, on a observé plein de problèmes, dont on n'avait peut-être pas conscience avant".
Ainsi de Venise par exemple, qui se redécouvre sans touriste et se questionne sur son avenir, l'entraide entre voisins qui nous fait rêver d'un monde plus empathique ou encore le revenu de base inconditionnel dont on reparle. Des utopies qui inspireront - ou pas - le monde de demain.
Sujet radio: Joëlle Cachin
Adaptation web: olhor
"Virus - Crise - Utopie", au Musée National Suisse de Zurich, jusqu'au 27 juin.