Le jeune Hoshi Hyuma est entraîné au baseball par son père, ancien joueur professionnel. A la recherche de la gloire, via le dépassement de soi, l'histoire du garçon fleurte avec la maltraitance enfantine, tant le père est brutal et exigeant avec son fils. Diffusée dès la seconde moitié des années 1960, la série "Kyojin No Hoshi" marque une génération et assoit au Japon le genre du supokon, le manga de sport.
Elaborée avec le Festival international de la bande dessinée d'Angoulême, l'exposition "Sport X Manga", à voir au Musée Olympique de Lausanne, jette des ponts entre la pratique sportive et les bandes dessinées japonaises. Elle tisse également des liens entre sport, manga, pop culture, histoire et société.
L'impact du supokon dans la vie japonaise
"Sport X Manga" apprend ainsi aux visiteuses et visiteurs la portée quasi-politique de "Ashita No Joe". Cette publication des années 1970, qui raconte les péripéties d’un jeune boxeur turbulent, était très lue à l’époque par les étudiants qui protestaient contre un traité de défense avec les Etats-Unis. Elle parvint à inquiéter les autorités de l'Empire du Soleil levant en pleine Guerre du Vietnam.
Dans la décennie suivante, "Captain Tsubasa", bien connu en francophonie sous le nom de "Olive et Tom", devient le premier héros japonais globalisé en réussissant à sortir de l'archipel. Il s'est avéré déterminant dans l'accession du football comme sport de masse au Japon.
"Attack Number 1.", qui suit le vrai parcours de l’équipe de volleyeuses d’Osaka, ou "Slam Dunk", dont les éditeurs ont créé un fonds pour aider les basketteurs japonais à faire leurs armes en NBA, aux Etats-Unis, sont deux autres exemples qui démontrent l'importance du supokon sur la vie sportive et sur la vie tout court au Japon.
Dans les allées de l'expo
L'exposition du Musée Olympique de Lausanne propose également des reconnaître les onomatopées visuelles des mangas, les "Kaki Moji", ou d'essayer de shooter dans un ballon virtuel comme Captain Tsubasa. Manga et sport, un thème qui rappelle qu'Akira, mythique série des années 1980, prévoyait déjà des Jeux Olympiques à Tokyo en 2020. Un manga visionnaire, à un virus près...
Antoine Droux/sb
Musée Olympique de Lausanne, "Manga X Sport", jusqu'au 21 novembre 2021.