Homme de plume et de pinceau, Jacques Chessex s'expose à Buchillon

L’auteur de "L’Ogre", Prix Goncourt en 1973, ou encore du "Vampire de Ropraz" est un artiste accompli. Comme d’autres de ses congénères écrivains ou cinéastes qui développent une partie artistique à part entière, Dürrenmatt, Hugo ou David Lynch, la peinture pour Chessex est un exutoire formidable.

Les oeuvres des dix dernières années de sa vie, de 1999 à 2009, sont vives, colorées, intranquilles, violentes, vitales, rouge sang. Toute la surface qu'il peint, que ce soit du carton, du papier journal, du papier kraft, est animée de signes et de couleurs. Pas de vide ou de respiration, on est ici dans la saturation et la vibration extrême.

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Des oeuvres qui beuglent puissamment

On a même l’impression que ces oeuvres sont sonores et qu'elles beuglent puissamment comme une infinie improvisation de jazz, une musique que l’artiste et écrivain appréciait infiniment. "Il y a chez lui l'urgence de fixer ces images qui lui viennent et ces scènes qui l'habitent, que ce soit par l'écriture, la poésie ou la peinture, le dessin", explique à la RTS François Chessex, le fils de Jacques.

L'exposition dévoile des sortes d’enluminures d'art brut, un courant artistique que Chessex appréciait aussi. Son écriture se mélange aux motifs de femmes hurlantes, de diables violets, de minotaures, de chats et de Chattesmittes, un personnage mi-ange mi-démon séducteur et mal intentionné très présent dans cette exposition.

"Avec ses yeux doucereux, sa langue implorante et ses airs de Madeleine, ce personnage mi-mythologique et mi-prosaïque nous pénètre dans cette exposition jusqu’à en devenir le sujet central. N’en déplaise aux 'cornupiscents', ils n’en seront guère épargnés dans ces lignes, la Chattemite les attend, les asperge et finit par les dévorer. Sorcière, catin, putain dessinée en marge d’une pensée sans doute plus vaste, elle est là devant nous, suçant de chaque lèvre l’ironie habile du dessinateur", écrit le curateur de l'exposition, Jean-Marie Reynier dans le texte de présentation cette exposition pour le moins décoiffante et inspirante.

Florence Grivel/mh

Exposition Jacques Chessex, galerie Aarlo u Viggo, Buchillon, jusqu'au 31 juillet.