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La photographe lausannoise Nora Rupp expose vingt ans d'autoportraits

Extrait de l'exposition "Un corps à soi, autoportraits d’une femme", de Nora Rupp. [©Nora Rupp]
L’invitée du 12h30 – L’artiste photographe Nora Rupp expose 20 ans d’autoportraits / L'invité du 12h30 / 10 min. / le 24 août 2021
Qu’elle soit déguisée en femme fatale ou en mère de famille, l’artiste Nora Rupp joue avec les normes sociétales pour mieux s’en émanciper. Son exposition, "Un corps à soi, autoportraits d’une femme" est à voir jusqu’au 25 septembre à la Forêt 11, à Lausanne.

En vingt ans d’autoportraits, on la voit évoluer dans son corps, dans son regard et dans les instants charnières de sa vie. En se

Extrait de l'exposition "Un corps à soi, autoportraits d’une femme", de Nora Rupp. [©Nora Rupp]
Extrait de l'exposition "Un corps à soi, autoportraits d’une femme", de Nora Rupp. [©Nora Rupp]

déguisant et en se mettant en scène dans des personnages de femmes mères, artistes, touchées par la maladie ou encore intellos, la photographe Nora Rupp ne fait pas un 'ego trip', mais part en quête d’elle-même.

Humble, l'artiste explique à la RTS les raisons derrière le timing de son exposition: "j’ai attendu vingt ans pour présenter ces autoportraits parce que c’était un projet très personnel et pulsionnel, qui n’avait pas vraiment d’histoire à raconter et qui, selon moi, manquait peut-être de légitimité."

Une passion pour la métamorphose

Cette démarche tout en métamorphose est inspirée par le travail de la photographe américaine Cindy Sherman. Au fil de ses clichés, elle interprète plusieurs rôles, se travestit et se prend en photo dans différents lieux. "J’ai découvert son travail à l'âge de 20 ans, alors que j’étudiais la photo à Vevey, raconte Nora Rupp. J’ai adoré son travail, car j’ai toujours aimé me déguiser. J’ai donc voulu joindre mes deux passions: la photo et la métamorphose."

Une métamorphose qui touche aussi l’âge. La photographe n’hésite pas à voyager dans le temps, tantôt en se rajeunissant, tantôt en se vieillissant. Les personnages qu’elle incarne sur ses photos l’apaisent-elle? "Parfois ils m’apaisent, parfois ils me mettent en colère et parfois ils me font beaucoup rire."

C’est à chaque fois une surprise, quelque chose qui sort de mes tripes. C’est une passion, un plaisir et une sorte de liberté.

Nora Rupp

La guérison, un déclic

Derrière cette remise en question photographique se niche un évènement important dans la vie de Nora Rupp: à l'âge de 37 ans, elle fait un AVC. "Après cela, je me suis demandé qui j’étais, et quels masques sociaux est-ce que j’avais portés toute ma vie." Suit une année de souffrances et de reconstruction physique qui la décide à rebondir. "J’ai décidé d’utiliser cet accident pour me reconstruire telle que j’avais envie d’être".

Malheureusement, au moment de reprendre le travail, la pandémie de COVID-19 pointe le bout de son nez. Pour extérioriser sa frustration durant le confinement, la photographe crée quotidiennement un personnage féminin. Comme un désir artistique bouillonnant, exacerbé par son accident et ses dix années de maternité. "La société ne donne pas la possibilité aux femmes d’être à la fois mère de trois enfants, salariée et artiste. J’ai dû faire des choix, et je vois bien la différence avec mes collègues artistes masculins qui eux ont pu continuer à travailler et créer, tout en devenant pères."

Pour exposer ses autoportraits, la photographe a choisi la Forêt 11, au Flon à Lausanne. "Il n’y a jamais eu une exposition de cette envergure à cet endroit. J’ai toutes les libertés dont je rêvais pour présenter ce travail, et je suis bien accompagnée."

Propos recueillis par Yves Zahno

Adaptation web: Myriam Semaani

"Un corps à soi, autoportraits d’une femme", Forêt 11, Côtes-de-Montbenon 11 (Flon), jusqu'au 25 septembre.

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