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"Artjacking!", le voyage pop d'Arte dans les histoires de l'art

Visuel de la web-série "Artjacking" de Arte France. [Arte]
Détour et détournement. / Vertigo / 6 min. / le 30 août 2021
Citer, copier, détruire, réinventer. Quoi de mieux pour plonger dans le monde foisonnant de l’art contemporain que de suivre, d’artiste en artiste, les réappropriations des grands chefs-d’œuvre? C'est ce que propose Arte avec sa nouvelle série web intitulée "Artjacking!".

C'est pédagogique, ludique, insolent, bien documenté et illustré, complètement addictif. C'est à voir sur le site d'Arte depuis début septembre.

"Artjacking!", que l'on peut traduire par "art détourné", est une web-série documentaire de dix épisodes écrite par Magali Le Mens et Rebecca Manzoni, réalisée avec beaucoup d'ingénuosité par Aurélie Pollet et Gustavo Almenara. Chaque épisode dure cinq minutes.

Mais surtout, la série montre les oeuvres, dont certaines rares. "Le droit des images est une affaire très compliquée, mais nous avons eu de la chance, très peu d'artistes ont refusé de nous les donner. Ils ont plutôt été séduits par la démarche", explique à la RTS Magali Le Mens, une des autrices de "Artjacking!".

Thématisation des oeuvres

Le principe? Témoigner de l'interaction des oeuvres, de leur continuum, en allant chercher les avant et les après, mais aussi relire les chefs-d'oeuvre à l'aune de notre savoir contemporain, en les thématisant: l'art du fake, l'art de la survie ou l'art du rangement.

Par exemple, prenons "Le Déjeuner sur l'herbe" de Manet, tableau de 1863 qui montre deux femmes nues parmi des hommes habillés, tableau lui-même inspiré du "Concert champêtre" (1509) du Titien.

"Le Déjeuner sur l'herbe" de Manet (1863). [Aurimages via AFP - AGLILEO COLLECTION]
"Le Déjeuner sur l'herbe" de Manet (1863). [Aurimages via AFP - AGLILEO COLLECTION]

Manet fait scandale avec son pique-nique olé olé et marque une date dans l'histoire de l'art. Le tableau devient même un tube, tant les artistes qui ont suivi s'en sont inspirés, soit pour le détourner, l'enrichir, le transformer, l'adapter aux questionnements d'époque ou le pousser plus loin dans sa logique.

Les détournements sont souvent politiques

De l’érotisme exacerbé de Picasso au militantisme de l’Afro-Américaine Mickalene Thomas, en passant par la mise en garde écologique de Daniel Spoerri, le tableau est passé par le filtre du féminisme, de l'identité et de l'écologie, trois des questionnements des plus actuels. "Il est frappant de voir que les détournements sont le plus souvent d'ordre politique. Si on prend 'La Cène' de Vinci, tout le monde s'étonne aujourd'hui que l'humanité toute entière ne soit représentée que par des hommes blancs", poursuit Magali Le Mens.

"La Joconde", la grande absente

Le même exercice de relecture a été fait avec "Le Radeau de la Méduse" de Géricault, "Le Bain turc" d'Ingres, "La Pissotière" de Duchamp, "La Pipe" de Magritte ou "Les Ménines" de Vélasquez. Grande absente de cette série, "La Joconde", dont les reprises et les détournements ne manquent pourtant pas. "On y pense. La thématique pourrait être celle de l'autoportrait, du selfie, de notre rapport à l'image", précise Magali Le Mens.

Propos recueillis par Florence Grivel

Adaptation web: Marie-Claude Martin

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