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En Italie, des statues de Michel-Ange sont nettoyées grâce à des bactéries

Les statues de Michel-Ange dans la Chapelle des Mèdicis de Florence ont été nettoyées grâce à une biotechnologie révolutionnaire à base de bactéries.
En Italie, des bactéries et des enzymes sont utilisés pour restaurer des œuvres d'art / 19h30 / 3 min. / le 4 septembre 2021
En Italie, une équipe de chercheuses a breveté une méthode pour nettoyer les œuvres d'art à l'aide de bactéries. Cette nouvelle technique est en cours d'expérimentation et pourrait permettre de se passer de produits bien plus toxiques dans la restauration.

L'utilisation des bactéries en pleine crise sanitaire pourrait effrayer. Pourtant, elles peuvent se révéler bien utiles. La preuve à Florence, où les statues de Michel-Ange dans la chapelle des Médicis ont reçu récemment une cure de jouvence plutôt innovante.

"Nous avons utilisé des micro-organismes qui mangent toutes les crasses sans endommager le marbre", explique Monica Bietti, directrice honoraire des Chapelles des Médicis. Un gel contenant des bactéries a été appliqué sur les statues, mais aussi sur un tombeau qui présentait des taches sombres, reliques de l'histoire tragique des Médicis.

"C'est dans ce tombeau qu'a été enseveli, en 1537, le corps du Duc Alexandre, assassiné. La décomposition du corps humain avait filtré et imprégné totalement le marbre. Nous avons fait cette expérience et le résultat est parfait", explique encore Monica Bietti.

Quinze années de recherche

Cette méthode novatrice est née dans un laboratoire de Rome, dans lequel une équipe de chercheuses travaillent depuis 15 ans sur l'utilisation des micro-organismes dans le domaine de la restauration d'oeuvres d'art.

Car ces bactéries n'occasionnent pas de dégâts aux oeuvres, contrairement aux produits nettoyants qui ne peuvent jamais être complètement sélectifs. "Les bactéries, elles, sont extrêmement sélectives", explique Chiara Alisi, chercheuse au sein du laboratoire environnement et climat (ENEA).

Pour la restauration des statues de Michel-Ange, les bactéries ont donc été choisies pour manger des restes de cire, de colle et des résidus humains. "C'est une bactérie 'Serratia Ficaria SH7', isolée dans une mine en Sardaigne. Elle est capable de digérer les résidus d'origines organiques", détaille la scientifique. "Et à Florence, nous les avons appliquées après les avoir affamées."

Biotechnologies prometteuses

Au fils des ans Le laboratoire a ainsi accumulé une banque unique en son genre: 1500 souches de bactéries non-pathogènes, d'enzymes ou encore de champignons dorment dans des congélateurs à -81 degrés.

Si les résultats sur le marbre sont convaincants, les bactéries seront bientôt testées sur une œuvre en bois, une Madonne du 12ème siècle qui trône au palais des Papes de Viterbe (Latium). Et si la technique s'avère efficace, son usage pourrait être rapidement étendu.

Car actuellement, "les restaurateurs utilisent des solvants qui sont hautement toxiques pour eux", explique Manuela Romagnoli, professeure de technologie du bois à l'Université de la Tuscia, à Viterbe. "Adopter des techniques de ce genre signifie aussi la création d'une nouvelle filière de la restauration disons plus écologique", s'enthousiasme donc la spécialiste.

Valérie Dupont/jop

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