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Caillebotte, peintre, mécène, jardinier et architecte naval visionnaire

L'affiche de l'exposition "Caillebotte, impressionniste et moderne", de la Fondation Pierre Gianadda. [Fondation Pierre Gianadda]
Caillebotte, ça nous botte! / Vertigo / 4 min. / le 30 septembre 2021
La Fondation Pierre Gianadda à Martigny (VS) présente une rétrospective du peintre français Gustave Caillebotte (1848-1894). Avec une centaine de toiles provenant de musées européens et de collections privées, l'exposition met en valeur l’œuvre de cet artiste touche-à-tout.

Longtemps connu que pour sa richesse qui lui a permis, très jeune, d'acquérir les tableaux de ses amis impressionnistes et de se constituer ainsi une très belle collection, Gustave Caillebotte (1848-1894) n'en fut pas moins lui-même un excellent peintre, entre impressionnisme et modernité. A sa mort, il légua à l'État sa collection de peintures impressionnistes, aujourd'hui exposés au musée du Louvre et au musée d'Orsay.

De nombreuses passions

La belle rétrospective qui lui est consacrée à la Fondation Gianadda témoigne à la fois de son talent pictural et de ses nombreuses passions: l'horticulture, dont il fut un adepte avant Monet qui lui demandait conseil, la philatélie et le nautisme. Membre du Cercle de la voile de Paris, il a construit plusieurs bateaux et "inventa, notamment, la voile en soie, plus légère, qui lui a permis de gagner de nombreuses régates", précise Martha Degiacomi, co-commissaire de l'exposition qui réunit 90 toiles.

Autoportrait de Gustave Caillebotte. [Youngtae/LeemageLeemage via AFP - Musee d'Orsay.]
Autoportrait de Gustave Caillebotte. [Youngtae/Leemage Leemage via AFP - Musee d'Orsay.]

Discret, mort jeune à 45 ans, modeste, s'estimant moins doué que ses amis impressionnistes, Caillebotte fut d'abord connu comme mécène.

Il a été redécouvert par les collectionneurs américains dans les années 70, avant d'être reconnu, vingt ans plus tard, comme une figure importante de la peinture en Europe. Sa fortune, son engagement à faire connaître les impressionnistes et ses passions diverses ont escamoté son oeuvre picturale.

Pourtant, plusieurs de ses contemporains saluèrent déjà son talent. Huysmans, par exemple, écrit en 1882: "(…) il semble être enfin parvenu à se débrouiller l’œil qui est bien, à l’état normal, l’un des plus précis et des plus originaux. Celui-là est un grand peintre, un peintre dont certains tableaux tiendront leur place à côté des meilleurs."

Peintre du Paris haussmannien

Une de ses toiles majeures, "Les raboteurs de parquets", qui montre de manière très réaliste trois ouvriers dans un appartement bourgeois en train de travailler, une bouteille de rouge à leurs côtés, fut jugée triviale et indigne en son temps. C'est que Caillebotte, même privilégié, aimait le quotidien, le réel et les différences de classes. Il a aussi documenté son époque comme aucun autre peintre, soucieux d'en rendre compte à la manière d'un chroniqueur ou d'un ingénieur.

"Les raboteurs de parquet" (1875), fameuse toile de Gustave Caillebotte. [Musee d'Orsay, Paris, France - Leemage via AFP]
"Les raboteurs de parquet" (1875), fameuse toile de Gustave Caillebotte. [Musee d'Orsay, Paris, France - Leemage via AFP]

Sensible à l'architecture, il fut le peintre de Paris transformé par Haussmann; amoureux de l'eau, il a peint ses reflets dans toutes leurs nuances; féru de bateaux, il fut un des rares à les peindre en mouvement; passionné de fleurs, il les a croquées comme des portraits; curieux des avancées techniques de son temps, il en a témoigné dans ses scènes urbaines; fidèle à ses amis et à sa famille, il les a saisi sur l'instant, en train de lire, de nager, de coudre ou de jardiner.

"Capucines" (1892) de Gustave Caillebotte. [AGLILEO COLLECTION - Aurimages via AFP]
"Capucines" (1892) de Gustave Caillebotte. [AGLILEO COLLECTION - Aurimages via AFP]

Il faut dire que son jardin était une référence. "Il a commencé le jardinage dès 12 ans, et fut un des premiers à utiliser l'arrosage automatique. Caillebotte avait un côté ingénieur, ses jardins sont scientifiques, géométriques. Il avait aussi une belle collection d'orchidées. C'est un homme très attachant, généreux, et méconnu" précise Martha Degiacomi.

Propos recueillis par Florence Grivel

Adaptation web: Marie-Claude Martin

"Caillebotte, impressionniste et moderne", à voir à la Fondation Pierre Gianadda à Martigny (VS) jusqu'au 21 novembre 2021.

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