"Un Disneyland politiquement correct", tel est le descriptif incisif utilisé par le quotidien britannique The Telegraph pour décrire le projet de réaménagement intérieur de Notre-Dame de Paris. Ce projet, qui chamboulera les éclairages et le mobilier, sera soumis à la Commission nationale du patrimoine et de l’architecture (CNPA) le 9 décembre.
Le journal n’est pas le seul à s’offusquer de ce projet mené par le père Gilles Drouin, mandaté par l’Archevêché de Paris. L'animateur et écrivain Stéphane Bern, chargé par le président français Emmanuel Macron d'une mission pour la sauvegarde du patrimoine, a ainsi fustigé l’éclairage envisagé: "L’église aurait pu se montrer moderne en faisant entrer une lumière spirituelle plutôt qu'une lumière rasante sur les visages", a-t-il dit à l’AFP.
Un mélange entre tradition et modernité contesté
Les éclairages seront donc placés à hauteur de visage, avec des lumières rasantes pour créer une ambiance plus intimiste. Il est aussi prévu des bancs à roulettes dotés de lumignons pour remplacer des chaises séculaires. Des œuvres d’art contemporain trouveront leur place dans la chapelle latérale, au voisinage de tableaux du 16e et du 18e siècle.
Cette "modernisation" doit passer aussi par des phrases bibliques qui seront projetées en plusieurs langues sur les murs. Le réaménagement permettra également aux visiteurs d’entrer par la grande porte et de découvrir un nouveau baptistère à l’entrée de la nef. La plupart des confessionnaux quitteront le rez-de-chaussée pour s’installer au premier étage. La vénérable cathédrale, qui avait partiellement brûlé en 2019, sera à nouveau ouverte au public en 2024.
Le christianisme expliqué à la Chine
Le père Drouin, directeur de l'Institut supérieur de liturgie, défend son projet. Il dément toute tentative de transformation radicale: l'objectif, dit-il, est de conserver Notre-Dame comme "lieu de culte" et de "mieux accueillir" et informer le public qui "n'a pas toujours de culture chrétienne". Par exemple, un Chinois ne comprend pas forcément la nativité de la Vierge. Mais depuis qu’il y a des caractères chinois sur la chapelle de Saint Paul Tchen dans la cathédrale, les visiteurs de l’Empire du Milieu s'arrêtent et allument une bougie.
Sujet radio: Fabien Hünenberger
Adaptation web: ms avec afp