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Rétrospective: les expositions qu'il fallait voir en 2021

"Rayon de soleil en forêt", de Hans Emmenegger (1906). [Monique et Peter Sommer - Andri Stadler, Lucerne]
"Rayon de soleil en forêt", de Hans Emmenegger (1906). - [Monique et Peter Sommer - Andri Stadler, Lucerne]
Spécialiste des arts visuels pour la RTS, Florence Grivel revient sur les cinq expositions qui ont marqué l'année écoulée en Suisse romande.

Hans Emmenegger, Fondation de l’Hermitage

L’exposition d’été de la Fondation de l’Hermitage a présenté l’œuvre d'Hans Emmenegger, mort en 1940 à 74 ans; un grand peintre lucernois, inconnu en Suisse romande.

Sorte de Vallotton de plein air tissé d'une inquiétante étrangeté, rétif aux avant-gardes et pourtant très explorateur, Hans Emmenegger reste fidèle à son chemin; d’abord épris par le symbolisme et la qualité de silence des œuvres de Böcklin, il s’approchera de plus en plus de la question du rendu du mouvement indicible: plaque de neige de printemps sur le fil d’une fonte en marche, forêts de troncs tachetés de lumière, montagne jamais spectaculaire mais dont les ombres mouvantes interpellent, quasi abstraites, et denses dans leur présence.

Dans cette exposition, des artistes de son époque accompagnent ce travail singulier, tissant des liens avec son œuvre: Hodler, Amiet, Vallotton, Cuno Amiet, Arnold Böcklin, Giovanni Giacometti. Des artistes contemporains inspirés par son travail de paysagiste sont aussi convoqués à ce festin silencieux ainsi que des photographes en bachelor de l’Ecole cantonale d'art de Lausanne, qui se frottent à cet univers pas si éloigné de leurs préoccupations contemporaines. Une grande exposition.

>> A lire aussi : Hans Emmenegger, immense peintre lucernois à découvrir à l'Hermitage

Môtiers - art en plein air, Val-de-Travers

La huitième édition du rendez-vous incontournable des randonneurs et de l’art en plein air: Môtiers - art en plein air, au cœur du Val-de-Travers, a proposé une édition particulièrement réussie présentant des artistes visuels contemporains et suisses de très haute qualité. Avec des œuvres inédites, produites in situ, 60 artistes invités et de très inspirantes surprises, comme cette grue posée dans un champ transformée en mobile géant, une œuvre de Denis Roueche, grue désactivée côté fonction habituelle mais activatrice de poésie. Il y a eu aussi des découvertes tout à fait inhabituelles, comme celle de l’illustrateur et peintre Martial Leiter, qui s’est laissé tenter par la sculpture, avec l’aide d’un ébéniste du cru.

Môtiers - art en plein air, c’est aussi une grande aventure grâce à une balade de deux heures qui passe à travers champs, forêt, cascade et qui implique les habitants et les entreprises du coin.

>> A lire aussi : Conceptuelles ou ludiques, des oeuvres envahissent la nature à Môtiers (NE)

Fri Art, Fribourg

Laure, gardienne de l’exposition de Julia Scher, "Fribourg sous surveillance", Fri Art, 1996. [Eliane Laubscher Archive | Archives du Futur Antérieur]
Laure, gardienne de l’exposition de Julia Scher, "Fribourg sous surveillance", Fri Art, 1996. [Eliane Laubscher Archive | Archives du Futur Antérieur]

L’automne vibre au tempo de Fri Art Kunsthalle qui, cette année, fête un double anniversaire: quarante ans d'expositions et d’événements et trente ans dans son bâtiment situé aux Petites-Rames 22 à Fribourg. L’occasion de célébrer un lieu d’art à la tradition provocante et expérimentale, un état d’esprit aujourd’hui encore d’actualité.

Si l’espace en basse-ville était investi notamment par une exposition du travail artistique du directeur historique du centre, Michel Ritter, il fallait surtout ne pas manquer d’aller au Musée d’art et d’histoire pour plonger dans le faste provocant, visionnaire, expérimental, déjanté de l’histoire de ce centre d’art qui fut d’abord itinérant pendant dix ans. Une expo vivante et riche réalisée en collaboration avec l’Université de Fribourg, et qui raconte l’histoire d'une première génération de personnes qui se sont battues pour donner naissance à un espace pour l’art contemporain. C’était aussi l’occasion de voir des images prises par la photographe Eliane Laubscher qui témoignent de cette énergie, de cet état d’esprit.

>> A lire aussi : Le Fri Art fête ses quarante ans avec deux expositions à Fribourg

"Elles, de A à Z", Musée des beaux-arts du Locle

Pour la dixième édition de la Triennale de l’art imprimé contemporain au Musée des beaux-arts du Locle, le choix s’est porté sur des travaux d'artistes femmes exclusivement, un choix qui n’a rien à voir avec une exposition prétexte. Les visiteurs sont ici en présence d’œuvres réalisées par des femmes qui déconstruisent, rejouent, mettent en perspectives des thèmes artistiques empreints de domination masculine. Une exposition revigorante, forte, engagée, portée par les productions de Batia Suter, Sophie Wietlisbach, Billie Zangewa et Laia Abril. Au cœur de cette exposition figure aussi la doyenne des femmes artistes du 20e siècle: Louise Bourgeois.

En outre, le musée dédie un espace à l’éditeur zurichois Parkett, revue suisse mythique et internationale qui a enrichi le monde contemporain de ses articles et portraits d’artistes de 1984 à 2017. Une revue avant-gardiste qui offrait des cartes blanches à des artistes pour qu’ils-elles créent des éditions. A voir jusqu'au 9 janvier 2022.

>> A écouter, une chronique de l'exposition :

L'affiche de la triennale du Musée des Beaux-arts au Locle jusquʹau 9 janvier 2022.
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Des ailes aux elles. / Vertigo / 6 min. / le 22 novembre 2021

"Francis Alÿs. As Long as I’m Walking", MCBA Plateforme 10

La dernière exposition du MCBA à Plateforme 10 est consacrée à l’artiste belge Francis Alÿs. Elle présente un aperçu de son travail vidéo de ces trente dernières années, avec un accent particulier sur l’un des thèmes centraux de la pratique de l’artiste: la marche. Il marche notamment dans les villes, car la ville est comme le creuset de sentiments et de conflits. Avec des actions simples, symboliques ou ironiques, l’artiste étudie l'influence de l'art sur la vie dans la ville.

Par ses déambulations, il y façonne des récits, fait circuler des rumeurs, cartographie le tissu social par des actions tantôt brèves, tantôt déclinées sur le long cours, tour à tour tirant, poussant, portant un accessoire qui tient lieu d’indice pour lire la fable déroulée par le corps en mouvement. A voir jusqu’au 16 janvier 2022.

>> A lire aussi : Les promenades urbaines de Francis Alÿs au Musée cantonal des Beaux-Arts

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