C'est dans la tête de deux hommes, le sculpteur Jean Fontaine et le scientifique Michel Milinkovitch, qu'est née l'idée de réaliser une exposition sur la notion de monstruosité. Une double exposition en réalité, puisqu'à la salle d'exposition de l'Université de Genève, l'artiste dialogue avec le monde de la biologie, alors qu'au Museum d'histoire naturelle de Genève, il propose une installation originale sous le regard des crânes de la section de paléontologie. Le Musée Ariana quant à lui s’associe à ce projet dans sa vitrine "carte blanche".
Dans l'oeuvre de Jean Fontaine, artiste depuis quarante ans, le monstre est récurrent: "Je trouve que nous avons un monde de plus en plus envahi par nos machines malheureusement et j'ai toujours voulu montrer ça. Je trouve que la mécanique nous bouffe. Et en bout de course, c'est nous-même que nous attaquons", explique l'artiste à la RTS.
Le monstre incarne, prévient, symbolise nos peurs. Il a beaucoup été utilisé par les religieux pour faire peur et quelque part, c'est un enfer moderne. Toutes mes sculptures sont destinées à nous avertir peut-être d'un futur improbable.
Les créatures chimériques de Jean Fontaine font écho aux questionnements et recherches des scientifiques. En génétique par exemple, les mutations sont constantes dans le génome animal ou humain - même si elles ne sont pas toujours visibles -, ce qui nous rend toutes et tous un peu monstrueux.
Un voyage entre art et science
"On a essayé de rattacher ces animaux, qui pourraient apparaître surprenants, monstrueux, comme des mammifères à ailes, des mammifères à nageoires, des lézards sans pattes, à des légendes, aux sirènes, aux mythologies", explique Aurélie Hintermann, chercheuse en génétique à l'Université de Genève. L'exposition "Où est le monstre?" interroge ainsi les frontières du monstrueux et du naturel à travers un voyage entre art et science.
Les sculptures de l'artiste Jean Fontaine et des modules scientifiques proposent une réflexion sur la place de l'humain dans la nature. L'exposition explore également comment la nature fabrique la diversité des formes vivantes que nous connaissons aujourd'hui. A l'ère de l'Anthropocène, où l'humain a imposé son empreinte indélébile sur le vivant, ne reste plus qu'à espérer qu'être un monstre un jour ne signifie pas rester un monstre pour toujours.
Sujet TV: Chloé Steulet
Adaptation web: ld
"Où est le monstre?", Genève, à voir jusqu'au 22 mai 2022.