La récompense leur a été remise par les journalistes co-lauréats du Prix Nobel de la Paix 2021 Maria Ressa et Dmitry Muratov.
Des oeuvres des deux dessinateurs sont exposées sur le quai Wilson jusqu'à la fin du mois, avec des dizaines d'autres dessins d'auteurs du monde entier. Le Prix international du dessin de presse, créé en 2012, est décerné par la Freedom Cartoonists Foundation, en partenariat avec la Ville de Genève.
"Nous remettons ce prix toujours le 3 mai, à l'occasion de la journée dédiée à la liberté des médias et du dessin de presse", indique Patrick Chappatte, président de la Freedom Cartoonists Foundation. Le dessinateur de presse suisse confesse que les temps sont de plus en plus durs pour certains de ses confrères. "Nous sommes dans un monde où le mensonge et la propagande de guerre progressent", souligne Patrick Chappatte. Dans cet univers hostile à la vérité, le dessin de presse est un "antidote". A coups de crayon, il est possible de montrer les supercheries, d'éclairer crûment le mensonge.
"A l'Est, il y a du nouveau"
Les deux co-lauréats du prix symbolisent cette lutte pour la vérité. "A l'Est, tout près, il y a du nouveau", déplore Patrick Chappatte. La guerre en Ukraine, bien évidemment, occupe l'actualité tragique. Mais en Hongrie aussi les atteintes à la liberté de la presse se multiplient. "Et nous sommes ici à l'intérieur de l'UE".
Vladimir Kazanevsky, 71 ans, a fui Kiev au début de l'invasion de l'Ukraine par l'armée russe, fin février. Il s'est d'abord arrêté à l'ouest du pays avant de traverser, avec son épouse, la frontière polonaise, et de trouver refuge à Presov. C'est depuis cette ville slovaque qu'il mène dorénavant son combat contre l'invasion russe.
Gabor Papai, lui, travaille depuis des années pour le journal Népszava, "le seul quotidien d'opposition encore en vie" à Budapest. Ses dessins sur la religion catholique, la lutte contre le Covid ou l'Histoire hongroise l'ont placé dans le collimateur des autorités. Le dessinateur est visé par plusieurs procédures judiciaires.
ats/olhor
Dessins vandalisés à Genève
Mercredi matin, sur le quai Wilson, des dessins de l'exposition avaient déjà été vandalisés. Sur une caricature de Chappatte montrant un char barré d'un grand Z écrasant des corps, quelqu'un avait rajouté au stylo le mot NATO (OTAN) et le nom du président américain Joe Biden.
Sur une autre caricature, représentant Vladimir Poutine se prélassant dans un bain de sang, la tête du président russe avait été gribouillée et remplacée par le mot USA. Les services de la voirie de la Ville de Genève sont déjà intervenus pour effacer des inscriptions, relève-t-on auprès de la municipalité.
L'exposition suscite de nombreuses réactions positives, mais des dessins ont aussi donné lieu à des appels réprobateurs, notamment celui qui croque Vladimir Poutine jouant au bowling avec la tête d'un soldat russe, note Félicien Mazzola, le porte-parole du département de la culture et de la transition numérique.