Guillaume Legros est arrivé au land-art par le graffiti. Son nom d'artiste, Saype, il l'a choisi en écrivant à la bombe les mots "Say Peace": "J'aimais bien l'idée de faire un acte de rébellion tout en y mettant quelque chose de positif. J'ai gardé cette idée-là, contractée en Saype", explique-t-il à la RTS.
Le land-art pour Saype, c'est "peindre dans la nature, avec la nature". L'artiste utilise pour peindre un produit écoresponsable, 100% biodégradable à base notamment de craie et de charbon. "Je crois que je fais un pont entre le street-art et le land-art. Je réponds quand même aux codes du land-art tout en ayant une action de peindre, ce qui, à mon avis, ne fait pas vraiment partie du mouvement du land-art."
Les oeuvres de Saype se déclinent sur l'herbe, la neige, la glace et le sable. Parcs, champs, montagnes, déserts, la nature est sa toile. Une fois son oeuvre achevée, il l'immortalise à l'aide d'un drone.
Transmettre un message sans laisser de traces
Guillaume Legros était infirmier. Il a travaillé pendant six ans dans un hôpital. A cette époque, il se posait beaucoup de questions sur son rôle dans la vie et la trace qu'il souhaitait laisser dans ce monde. Quand les drones sont arrivés en Europe, ils lui ont donné l'opportunité d'avoir un autre point de vue sur le monde. Il avait cette idée de peindre sur l'herbe, un support éphémère, sur lequel il voulait transmettre des messages sans laisser de traces.
J'avais l'impression que le travail d'artiste que j'avais déjà à l'époque n'impactait pas ou ne captait pas l'attention des gens. Je me suis dit que si je peignais de gigantesques fresques sur l'herbe, j'allais pouvoir capter cette attention-là.
Le travail de Saype s'articule autour d'une réflexion sur l'écoresponsabilité et sur la question de la place de l'être humain dans le monde. En 2018, il soutient l'association S.O.S Méditerranée avec une fresque peinte sur la pelouse de la Perle du Lac, à Genève. "C'est la première fois que je me suis dit que l'art peut véritablement changer le monde", explique-t-il.
Par la suite, son projet "Beyond Walls" traverse les frontières avec des mains géantes entrelacées pour symboliser "la plus grande chaîne humaine" autour du monde. Puis, c'est le coronavirus qui lui inspire le projet "Beyond Crisis" dans un champ sur les hauteurs de Leysin.
Les oeuvres de Saype interpellent et invitent à de profondes réflexions. Si elles créent des ponts entre les arts, elles sollicitent aussi notre humanité et invitent à la solidarité. Plus jeune, Guillaume Legros se demandait quelle trace il allait laisser dans ce monde. Saype connaît désormais la réponse.
Propos recueillis par Rayane M’zouri
Adaptation web: Lara Donnet