La nouvelle direction du Kunsthaus de Zurich veut clarifier l'origine de la collection Bührle
L'ancien directeur de la Banque nationale suisse Philipp Hildebrand s'est présenté devant les médias lundi à Zurich en compagnie de la nouvelle directrice du Kunsthaus Ann Demeester. Tous deux veulent que la provenance des tableaux de la collection Bührle fasse l'objet d'une étude approfondie.
Le Kunsthaus a encore un travail important et complexe à accomplir dans la recherche de l'origine des oeuvres de la collection. Trouver des experts indépendants capables d'effectuer ce travail représente un grand défi, car "c'est un domaine très restreint", a souligné Philipp Hildebrand.
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Pas de calendrier
Le nouveau président de la société des beaux-arts et la nouvelle directrice du musée n'ont pas voulu fixer de calendrier. Les travaux préparatoires sont en cours afin de garantir l'indépendance du groupe d'experts. Les premiers résultats devraient être annoncés dans une année.
Le prochain point crucial sera de savoir ce qu'il adviendra des oeuvres d'art, dont les recherches révéleraient qu'elles sont entrées illégalement dans la collection. Dans le contexte de l'Holocauste, il s'agit de déterminer si des tableaux ont été volés à des juifs ou si des juifs ont vendu sous la contrainte, parce qu'ils avaient besoin d'argent pour fuir le régime nazi.
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Le nouveau contrat de prêt passé entre la société des beaux-arts du Kunsthaus et la Fondation de la collection Bührle, propriétaire des tableaux, permet "d'agir plus efficacement", estime Philipp Hildebrand. Toutefois, la seule capacité d'action du musée consiste à éventuellement décrocher certains tableaux.
Aucune possibilité de sanction
Le Kunsthaus n'a aucune possibilité de sanction. La fondation reste propriétaire des oeuvres. C'est donc elle qui décide en fin de compte si les tableaux entrés illégalement dans la collection doivent être restitués ou indemnisés.
Philipp Hildebrand a toutefois souligné qu'il ne pouvait "pas s'imaginer" que la société des beaux-arts ne soutienne pas la nécessité d'une action si un cas clair devait se présenter. En d'autres termes, sous sa présidence, la société des beaux-arts s'engagera pour que les tableaux soient restitués lorsque cela est nécessaire, a-t-il précisé.
Présentation à revoir
La manière dont la collection est présentée au public au Kunsthaus fait aussi l'objet de critiques. Ann Demeester a déclaré que ce point serait revu "l'année prochaine". L'histoire étant toujours présentée sous de nouvelles perspectives, la communication est un processus dynamique "qui n'est jamais terminé", a-t-elle ajouté.
Emil Georg Bührle devenu l'un des hommes les plus riches de Suisse à l'époque grâce à des ventes d'armes pendant et après la Deuxième guerre mondiale. Sa fortune lui a permis de constituer une collection d'art qui compte 203 oeuvres. Il l'a léguée à la fondation qui la gère depuis 1960.
ats/vajo