Son journal aura marqué des générations d'élèves. Durant la Seconde Guerre mondiale, Anne Frank et sa famille passent 735 jours retranchés dans une cachette à Amsterdam pour échapper aux nazis, avant d'être trahis et capturés. Témoin de la vie quotidienne de l'adolescente, avec ses peurs, ses ratures et ses inconnues, "Le journal d'Anne Frank" est traduit aujourd'hui dans plus de soixante-dix langues. Et c'est une fondation suisse qui gère son héritage planétaire.
C'est le père d'Anne, Otto Frank, qui crée cette fondation à Bâle juste après la guerre. Alors que sa femme et ses deux filles meurent dans les camps de concentration, lui survit et revient d'Auschwitz en 1945. Installé dans la cité rhénane en tant que rescapé des camps, il publie le journal de sa fille retrouvé dans l'appartement d'Amsterdam et s'emploie alors, depuis Bâle, à diffuser son message universel d'humanité et de tolérance.
La famille Frank et la Suisse
La famille Frank, initialement établie à Francfort en Allemagne, entretenait des relations avec la Suisse depuis longtemps: la mère et les frères d'Otto y avaient émigré en 1929. Anne et sa famille y passaient donc leurs vacances, à Sils Maria ou Adelboden.
L'ascension politique de Hitler pousse Otto et les siens à partir: il choisit Amsterdam plutôt que la Suisse. Un choix aux conséquences funestes: "Otto Frank a compris trop tard que la Hollande devenait dangereuse", relève Denise Tonella, directrice du Musée national suisse de Zurich, qui a accueilli l'exposition "Anne Frank et la Suisse" en 2022. "Il a ensuite essayé de partir d'Amsterdam pour la Suisse, mais c'était trop tard. Il ne restait plus qu'à se cacher."
Politique suisse à l'égard des réfugiés juifs
L'exposition revient aussi sur la vie de la mère et des frères d'Otto Frank à Bâle, dans une Suisse restrictive qui n'accordait pas aux Juifs le statut de réfugiés politiques. La vie de la famille Frank est illustrée à travers des objets, des photos et des documents, le tout grâce à une coopération avec le Anne Frank Fonds de Bâle et le Familie Frank Zentrum de Frankfurt, qui centralise les archives de la famille.
En faisant le lien entre la fuite de la famille d’Anne Frank à Amsterdam et l'exil des autres membres de sa famille à Bâle, l'exposition met en lumière les menaces qui pesaient sur les Juifs ainsi que la politique d'accueil en vigueur dans ces deux Etats européens durant la Seconde Guerre mondiale.
"D'une grande actualité"
"Cette exposition est d'une très grande actualité. Aujourd'hui, à l'heure de la montée des extrémismes en tout genre, du retour de la guerre en Europe, de la montée du racisme et de l'antisémitisme en particulier, mais pas seulement, je pense que c'est important de se replonger dans l'histoire de la Seconde Guerre mondiale et de se souvenir de ce qui s'est passé", indique Helen Bieri Thomson, directrice du Château de Prangins.
Sujet TV: Raphaël Guillet, Philippe Fivet et Gilles de Diesbach
Adaptation web: cf/mh
"Anne Frank et la Suisse", Musée national suisse, Château de Prangins (VD), jusqu'au 29 septembre 2024.