Japonais, américain traditionnel, tribal, réaliste, ornemental, blackwork, géométrique, minimaliste, trash… Aujourd’hui le tatouage est omniprésent et les influences nombreuses. La Suisse n’échappe pas à cette fièvre, comme le prouve le livre "Swiss Tattoo" qui vient de paraître. On y trouve 32 portraits de tatoueuses et tatoueurs sous forme d'instantané de la scène actuelle helvétique.
"Je partais de l'a priori que la Suisse n'avait pas de tradition du tatouage, parce que l'on n'a pas de port ou de bagne, des éléments que l'on associe souvent au tatouage en Europe. C'est intéressant de constater que le tatouage n'est pas du tout aussi récent qu'on le pense en Suisse. On situe les débuts dans les années 1970-80 alors qu'on a des traces bien plus anciennes qui datent de plusieurs siècles. Le plus ancien tatoué connu au monde est Ötzi au Néolithique, découvert à quelques kilomètres de la frontière suisse", explique Clément Grandjean, auteur de "Swiss Tattoo".
>> Voir aussi l'épisode du Point J sur ce sujet : Podcast - Pourquoi on se tatoue autant?
La Suisse, grâce à ses frontières avec la France, l'Italie et l'Allemagne et aussi grâce aux réseaux sociaux profite de tous les courants artistiques. "Le tatouage à l'heure actuelle, c'est aller chercher les codes, les mélanger, se les réapproprier", estime Violène Monnier, cofondatrice de Happypets Studio à Lausanne dont l'une des sources d'inspiration graphique a été la famille Leu établie à Sainte-Croix (VD).
Culture du graphisme, de la typographie en Suisse
La Suisse a vu naître en quelques décennies une multitude d’artistes influencés ou pas par la famille Leu, mondialement connue. Des artistes remarqués pour la singularité de leur travail, à l'image par exemple de Dirty Randy.
"Si on n'a pas de culture des ports et des marins en Suisse, on a une culture du graphisme, de la typographie avec des éléments qui se transposent, notamment à travers la nouvelle génération. On peut même parler de génération ECAL, puisque 80% des jeunes tatoueurs qui travaillent depuis moins de dix ans viennent du graphisme", indique Clément Grandjean qui raconte dans son livre le tatouage avec une perspective historique, artistique et sociale.
La Suisse serait ainsi un pays de grands tatoueurs et de grands tatoués. S'il n’existe pas de chiffres répertoriés précisément, une étude française récente estime qu’aujourd’hui une personne sur cinq est tatouée. Un chiffre facilement transposable chez nous. Parallèlement, on a vu le nombre de salons de tatouage exploser ces quinze dernières années. La Suisse compte actuellement plus d'un millier de tatoueurs, selon "Swiss Tattoo" qui propose également un petit guide pratique dans son ouvrage.
Sujet TV: Julie Evard et Oskar Rosetti
Adaptation web: olhor
Clément Grandjean, "Swiss Tattoo: le graphisme dans la peau", éditions Helvetiq.