Pour la première fois en France et en étroite collaboration avec le Museo Frida Kahlo, l'exposition rassemble plus de deux cents objets provenant de la Casa Azul, la maison où Frida est née et a grandi au Mexique. Des objets retrouvés notamment lors de l'ouverture en 2004 de sa salle de bains à la Casa Azul, scellée pendant 50 ans, depuis sa mort en 1954.
Au Palais Galliera, on trouve vêtements, correspondances, accessoires, cosmétiques, médicaments, prothèses médicales... A cela s'ajoutent des robes traditionnellesTehuana, pré-hispaniques, des colliers précolombiens que Frida Kahlo collectionnait, des corsets et des prothèses peintes à la main, des bottines rouges, brodées, magnifiques qui intègrent la différence de taille de Frida, avec un talon plus haut camouflé dans la broderie. Il y a aussi des films et des photographies de l'artiste, qui participent au récit de cette vie hors-norme.
Dans un parcours à la fois biographique et thématique, le Palais Galliera met en lumière le passage de l'artiste à Paris et ses relations avec le groupe des surréalistes.
A l'avant-garde d'une mode inclusive
Les photographies exposées montrent Frida Kahlo fillette, première communiante, puis jeune femme étonnamment vêtue d'un costume trois-pièces devant l'objectif de son père photographe. En 1925, l'accident de bus dont elle est victime l'éloigne de la carrière de médecin à laquelle elle aspirait. Alitée de longs mois, elle trompe l'ennui en réalisant ses premiers autoportraits: souffrance physique et peinture seront à jamais associées.
L'apparence de Frida Kahlo constitue un moyen d'exprimer ses préoccupations identitaires et politiques. Passionnée par la révolution de 1910, Frida Kahlo s'engage en faveur du Parti communiste mexicain. Après sa rencontre avec Diego Rivera, le grand muraliste, l'art sera au centre de sa vie. Frida Kahlo commence alors à devenir une sorte de manifeste vivant de ses valeurs et accointances. En styliste de son corps, elle va affirmer son identité multiple. Frida Kahlo sublime ce corps empêché par de multiples handicaps. Elle joue avec la fluidité des genres, à la fois masculine et féminine, à la fois traditionnelle et contemporaine. Ce que montre l'exposition, c'est que Frida Kahlo a de quoi inspirer toute une génération de stylistes.
Frida Kahlo, icône de mode
Cette mode résolument inclusive est aujourd'hui dans l'air du temps. Au Palais Galliera, la mode n'est pas une frivolité, mais un outil essentiel de construction et d'expression. "Pendant le Covid par exemple, nous avons vécu cette expérience de ne pas devoir s'habiller, de ne pas devoir se maquiller. Personnellement, m'habiller et me maquiller, même si personne n'allait me voir, était absolument essentiel pour ne pas déprimer. Je parle juste du pouvoir de la mode et des vêtements comme un outil essentiel pour tenir, pour nous exprimer, pour nous construire", témoigne à la RTS Miren Arzalluz, directrice du Palais Galliera.
Ce qui fascine à propos de Frida Kahlo, c'est à quel point ses vêtements traversent son histoire. Elle devient une véritable source d'inspiration pour les stylistes dès les années 1980.
La visite de l'exposition se prolonge ainsi avec une exposition-capsule présentée jusqu'au 31 décembre, qui aborde l'influence de l'artiste sur la mode contemporaine et la façon dont elle demeure, encore de nos jours, une icône et une référence pour les designers, parmi lesquels Alexander McQueen, Jean Paul Gaultier, Karl Lagerfeld pour Chanel, Riccardo Tisci pour Givenchy, Maria Grazia Chiuri pour Dior ou Rei Kawakubo pour Comme des Garçons.
Sujet radio: Florence Grivel
Adaptation web: ld
"Frida Kahlo, au-delà des apparences", Palais Galliera, Paris, jusqu'au 5 mars 2023.