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A la tête du Kunstmuseum, Ann Demeester doit redorer le blason du musée zurichois

L'invitée de La Matinale (vidéo) - Ann Demeester, nouvelle directrice artistique belge du Kunsthaus de Zurich
L'invitée de La Matinale (vidéo) - Ann Demeester, nouvelle directrice artistique belge du Kunsthaus de Zurich / L'invité-e de La Matinale (en vidéo) / 11 min. / le 2 décembre 2022
Nouvelle directrice du Kunstmuseum de Zurich, la Belge Ann Demeester aura pour mission de faire rayonner l'institution en Suisse et à l'étranger et de restaurer l'image du musée, écornée par la controverse autour de l'origine douteuse de certaines oeuvres de la collection Bührle.

Première femme étrangère à la tête du Kunsthaus de Zurich, institution culturelle majeure de notre pays, Ann Demeester est entrée en fonction le 1er octobre dernier. L'ancienne directrice des musées Frans Hals à Haarlem, aux Pays-Bas, aura pour mission notamment de faire rayonner le musée zurichois. "C'est une sorte de croisement entre le Centre Pompidou et le musée d'Orsay en Suisse. C'est un musée qui a des collections exceptionnelles, mais que beaucoup de gens ne connaissent pas en dehors de la Suisse", regrette-t-elle.

La nouvelle directrice met en avant l'équilibre entre tradition et modernité du Kunstmuseum. "Nous sommes un palais classique d'images, mais en même temps un cabinet de curiosités", dit-elle à la RTS en faisant référence à des oeuvres d'artistes moins connus comme les Suisses Albert Welti ou Sonja Sekulas.

Le dossier brûlant de la collection Bührle

Ann Demeester hérite désormais de l'épineux dossier Bührle. La nouvelle aile du musée zurichois abrite en effet la collection de l'industriel helvétique, dont on soupçonne que certaines oeuvres aient été spoliées à des Juifs ou vendues de forces par des propriétaires juifs dans le contexte de la Seconde Guerre mondiale.

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Ann Demeester reconnaît avoir été un peu bouleversée par l'explosion médiatique autour de la collection Bührle. Mais selon elle, on peut aussi y voir un aspect positif. "C'est une chance pour nous de montrer qu'un musée d'art n'est pas seulement un lieu pour l'art, mais aussi un lieu de discussion où il ne faut pas éviter ces problèmes et ces questions extrêmement compliquées, pleines de sensibilités, mais aussi de douleurs et de souffrances. Un musée n'est pas un lieu isolé en dehors du monde".

Raconter le contexte

Le Kunsthaus a encore un travail important et complexe à accomplir dans la recherche de l'origine des oeuvres de la collection. Cela prendra du temps, mais l'institution imagine déjà une nouvelle exposition en novembre prochain dans laquelle la collection Bührle, mais aussi son contexte, seront montrés de manière plus "polyphonique", explique la nouvelle directrice. "Chaque oeuvre a son contexte, il faut le raconter. Mais enfermer les oeuvres dans un placard ne serait pas la bonne réponse. Censurer l'art, ce serait un geste encore plus douloureux."

Au chapitre des défis à venir, il faudra faire vivre l'immense collection du musée, qui s'étend sur plusieurs siècles, et la montrer de manière innovante. Notamment en faisant se caramboler des oeuvres de différentes époques, comme aime à le faire Ann Demeester. "J'appelle ça le 'transhistorique': combiner des oeuvres et des idées de différentes époques. Je pense que c'est nécessaire car l'histoire de l'art essaie toujours de créer des catégories. Quand on peut faire dialoguer des oeuvres du XVIIe siècle avec de l'art contemporain, cela peut générer de nouvelles idées", conclut-elle.

Propos recueillis par Benjamin Luis

Adaptation web: mh

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