Les légendes alpines à l'honneur d'une exposition au Musée national de Zurich

La légende de Guillaume Tell tire son origine de la mythologie nordique. Elle s'est adaptée aux traditions de la Suisse centrale et a évolué au fil du temps en un véritable mythe fondateur de la Suisse. Cette légende est immortalisée pour la première fois sous le nom de Guillaume Tell en 1470 dans le "Livre blanc de Sarnen", écrit par le chancelier d'Obwald. Plus tard, grâce au drame de Schiller de 1804, sa réputation s’étend au-delà de l’espace germanophone.

La force du personnage à l'arbalète est telle qu’il emporte les Suisses dans sa rébellion contre le pouvoir, leur fait ressentir leur propre besoin d’indépendance et leur donne le courage de résister. Par la suite, il est élevé en statue de héros national. Son arbalète devient même un label de qualité pour les produits suisses.

Les légendes sont liées à des lieux

Voilà ce que l'on peut apprendre sur notre héros national en visitant l'exposition "Légendes alpines" qui se tient actuellement au Musée national de Zurich. Contrairement aux contes, les légendes semblent "vraies", car elles font toujours référence à des lieux réels. Cette impression de vérité est particulièrement marquée dans les légendes historiques, dans lesquelles des personnages réels ou présumés de l’Histoire sont mis en scène dans des lieux connus. La légende de Guillaume Tell et de son tir héroïque dans la pomme est la plus célèbre d’entre elles.

"Ces légendes ne sont pas l'Histoire, mais des histoires, explique Daniela Schwab, co-commissaire de l'exposition, à la RTS. Cela veut dire par exemple que le personnage de Tell ne peut pas être attesté historiquement, mais sa légende est cependant devenue un épisode important, symbolisant l'indépendance de la Suisse."

Le pont du Diable, légende connue dans toute l'Europe

Outre Guillaume Tell, l'exposition zurichoise se penche aussi particulièrement sur la légende connue dans l'Europe entière du pont du Diable, situé dans les montagnes uranaises sur l'axe du col du Gothard. Le diable y exige partout des âmes en contrepartie de ses services. Les Uranais parviennent à le duper en lui donnant, pour seul tribut, l’âme d’un bouc qu’ils pourchassent pour le pousser à traverser le pont. Il existe diverses variantes de cette légende. Parfois, c'est un chien que l’on appâte de l’autre côté du pont avec de la viande. Le pont du Diable est également un motif récurrent des paysages représentés pour satisfaire le goût des touristes.

"Ces histoires nous enseignent aussi ce qu'il ne faut pas faire et nous racontent ce qu'il se passe quand on se comporte mal, qu'on ne respecte pas certaines normes ou certaines valeurs. Et puis elles servent aussi  à expliquer les évènements pour lesquels on ne trouve pas d'explication rationnelle", précise Daniela Schwab.

Ainsi la légende de la Blüemlisalp, publiée en 1707 par le médecin et naturaliste Johann Jakob Scheuchzer qui raconte l'histoire d'un vacher vaniteux vivant dans l’abondance d’un alpage fertile et qui gaspille les dons de la nature tandis que les villageois souffrent de la faim dans la vallée. Mais il refuse de partager sa richesse. En guise de châtiment, son alpage fertile se transforme en un désert de pierre et de glace.

aq avec ats

Exposition "Légendes alpines", Musée national de Zurich, jusqu'au 23 avril 2023