L'artiste Maëlle Gross ensorcelle le CACY avec son exposition "Malefica"

Si la créature diabolique décrite dans la littérature religieuse, pseudoscientifique et "fantasy" n'a pas existé en tant que telle, la sorcière est néanmoins présente dans diverses cultures. De l'Antiquité à nos jours, des poèmes épiques aux essais contemporains en passant par les réseaux sociaux, les sorcières fascinent autant qu'elles répugnent, mais surtout elles dérangent.

Perçues comme affranchies, déviantes, savantes, puissantes, sexuelles et souvent maléfiques, ces créatures effraient, car elles défient l'ordre établi et remettent en question les discours dominants prônés à la fois par la religion, la science, la bienséance et le patriarcat. Ce n'est donc pas un hasard si, au XXe siècle, la figure de la sorcière a été reprise par certains mouvements féministes.

Maëlle Gross est une jeune artiste suisse romande. Elle investit le Centre d'art contemporain d'Yverdon-les-Bains (CACY) avec toutes sortes d'oeuvres qui tournent autour des sorcières le temps d'une exposition intitulée "Malefica". L'idée de départ vient d'un livre présent dans l'exposition, "Sorcellerie en Suisse romande", qui appartenait à la bibliothèque familiale de l'artiste. Pour réaliser ses oeuvres présentées au CACY, Maëlle Gross a rencontré des chercheuses et chercheurs dans diverses universités de Suisse romande et a collaboré avec des artisans spécialisés.

Une figure féministe

Les sorcières sont donc, depuis des années, des figures de la cause féministe. Et féministe, Maëlle Gross l'est assurément. Lorsqu'elle retrouve ce livre, l'artiste replonge dans l'histoire difficile et les portraits de sorcières qui ont inspiré des études féministes et des artistes qu'elle connaît par ailleurs. En résulte une exposition sous forme d'hommage à toutes ces femmes. Au programme: des pièces textiles monumentales, une sculpture sonore, un diptyque vidéo et un mural – tous inédits, car produits pour l'occasion.

Ces sorcières, à contre-courant de l'ordre établi, jugées, mises à l'écart, ont un statut assez proche de l'artiste et de la femme contemporaine. "Nous avons encore du chemin à faire pour que ce métier soit accessible à toutes, explique Maëlle Gross. Je m'en rends compte d'autant plus que je suis artiste et maman".

Sujet radio: Florence Grivel

Adaptation web: ld

"Malefica" de Maëlle Gross, Centre d'art contemporain d'Yverdon-les-Bains (CACY), jusqu'au 23 avril 2023.