Le monde vu à travers le regard de femmes artistes à découvrir à Evian

L'arc temporel choisi par la curatrice scientifique Arielle Pélence pour l'exposition "Artistes voyageuses" présentée au Palais Lumière Evian est passionnant. Il débute à la fin du XIXe siècle, moment où la liberté d’expression de la presse s’affirme en France, permettant aux artistes femmes d'avoir plus de la visibilité à travers, entre autres, des journaux créés et développés par des femmes.

Une période marquée aussi par la fondation de l’action de l’Union des femmes peintres et sculpteurs qui se concrétise en 1900 par l'ouverture à l’École des Beaux-Arts de Paris de deux ateliers réservés aux femmes. Une formation qui leur permet d'obtenir un statut professionnel, ce qui leur ouvre de nombreuses portes. A l'autre bout de cet arc temporel présenté à Evian, on trouve l'année 1944, date de l'obtention du droit de vote en France pour les femmes.

Une soixantaine d'années marquées donc par le début des mouvements féministes. Un nouveau contexte qui encourage les femmes à s'affirmer hors de l'espace domestique et promeut l'image d'une "femme nouvelle", actrice de son destin. Une période qui voit aussi renaître un intérêt pour l'orientalisme et qui offre, à partir des années 1920, la possibilité de voyager plus aisément dans "la plus grande France" qui court de l'Afrique équatoriale à la péninsule indochinoise.

Des destins hors du commun

Peintures, sculptures, dessins, affiches et photographies, à travers quelque 200 oeuvres, l'exposition présente les parcours artistiques et destins hors du commun d'une quarantaine d'artistes femmes qui ont parcouru le monde. Un cheminement tout en nuance qui offre à la fois une remise en question de certaines idées reçues, mais aussi de belles découvertes.

Ainsi l'exposition met en lumière Lucie Cousturier (1876-1925) qui s'embarque en 1921 pour un voyage de neuf mois en Afrique de l'Ouest, Alexandra David-Neel (1868-1969), première femme étrangère à entrer dans la cité interdite de Lhassa en 1924.

Ou encore Jeanne Thil (1887-1968) qui a collaboré pendant plus de trente ans avec la Compagnie Générale Transatlantique. Avoir des travaux de commandes permettait à ces femmes artistes d'avoir une plus grande liberté dans leur vie artistique et privée, n'étant pas dépendante financièrement d'un époux.

Sujet radio: Florence Grivel

Adaptation web: Andréanne Quartier-la-Tente

"Artistes voyageuses. L’appel des lointains 1880-1944". Palais Lumières d’Evian (F), jusqu’au 21 mai 2023.