Avec son exposition "(Ré)volte!", la Maison d'Ailleurs interroge la contre-culture
Révolter le monde des musées lui-même, c'est l'idée défendue par Marc Atallah et son équipe. Il y a un mois à peine, le directeur de la Maison d'Ailleurs a fait le pari de présenter un musée entièrement vide. "Pour moi, c'était important de montrer qu'une exposition c'est tout un processus. Dans un musée, les gens se baladent souvent de manière statique, on suit les tableaux, on chuchote, comme si on était dans un lieu sacré. Alors que les artistes ont souvent une vie plutôt mouvementée. J'avais donc envie qu'on revienne à cette idée qu'une exposition n'est pas quelque chose de figé, mais quelque chose qui vit", explique-t-il à la RTS.
Ainsi, le chantier du montage a pu être visité durant tout le mois de mars. Depuis le 6 avril, l'exposition est prête et peut se découvrir normalement.
Sept salles aux univers très différents
Pour illustrer la "(Ré)volte!" sous différentes formes, la Maison d'Ailleurs a confié ses salles à sept artistes internationaux. Cela va du désert cyberpunk, ce mouvement de la science-fiction qui connecte les hommes et les machines, avec l'installation du jeu vidéo "Wanted:Dead", aux images parodiques du collectif Plonk & Replonk. En passant par la série de photos inédites "Kids of Cosplay" de Thurstan Redding.
Rappelons-le, le cosplay est un loisir qui consiste à jouer le rôle d'un personnage de fiction (manga ou superhéros) en imitant son costume, ses cheveux et son maquillage, puis de le montrer lors d'événements. Ici, Thurstan Redding a décidé de photographier de jeunes cosplayers, non pas en pleine compétition, mais dans leur quotidien. Une manière, selon Marc Atallah, de montrer l'uniformisation du réel: "Ces photos sont très étranges... On voit ces jeunes chez eux, dans un parking, la mine attristée, comme si le réel uniformisant gagnait".
L'exposition "(Ré)volte" rend également hommage à Pierre Versins, le fondateur de la Maison d'Ailleurs. La salle qui lui est consacrée plonge les visiteurs dans les archives vidéo des années 1970, mais aussi dans la correspondance de l'écrivain, fan de science-fiction. Ses lettres suspendues à un fil sont entourées des graffitis originaux créés par le collectif MurWalls. Le directeur de la Maison d'Ailleurs fait le parallèle entre ces deux mouvements: au départ, la science-fiction et les graffitis étaient mal perçus, alors qu'aujourd'hui ils sont pleinement intégrés à la pop culture.
"Volte-face" ravira les fans de "Star Wars"
Comme l'an dernier, le musée d'Yverdon-les-Bains propose également un focus sur ses collections de jouets. "Volte-face: des visages sous les masques" met cette fois-ci en avant le vaste univers des figurines de la saga "Star Wars".
En cinquante ans d'existence, la franchise a eu le temps d'instiller durablement la culture populaire, notamment via l'industrie du jouet. Vendues à plus de 300 millions d'exemplaires à travers le monde, les figurines de Luke Skywalker, Dark Vador et Yoda notamment continuent d'attiser la convoitise des fans et des collectionneurs.
Sarah Clément
"(Ré)volte!" et "Volte-face: des visages sous les masques", Maison d'Ailleurs, Yverdon, jusqu'au 7 janvier 2024.