Le peintre vaudois Auguste Veillon navigue entre la Suisse et l'Orient

Au premier regard, tout semble opposer des tableaux qui représentent une femme fellaha (paysanne) contemplant les reflets flamboyants du crépuscule sur le Nil et une barque lémanique glissant paisiblement sur un lac aux teintes pastel. Ces compositions amples et sereines aux tons doux, qui donnent une place prépondérante à l’élément aquatique, sont pourtant toutes deux l’œuvre d’Auguste Veillon (1834-1890).

Né à Bex, dans le canton de Vaud, l'artiste se forme à Genève auprès du peintre François Diday. Rapidement, il s’écarte de la vision romantique et souvent dramatique que son maître a de la nature au profit d’un paysage serein et heureux. Ses vues de montagnes sont peintes sous un soleil éclatant et ses paysages lacustres, qu’il s’agisse du Léman ou du lac des Quatre-Cantons, montrent des embarcations qui naviguent sur des ondes lisses.

La fascination de l'Orient

Parallèlement à sa production helvétique, qui s’inscrit dans l’identification nationale au paysage, l'artiste effectue de nombreux voyages au cours desquels il visite la Tunisie, l’Égypte, la Palestine, la Syrie, Constantinople et Athènes.

Réalisées dans son atelier genevois, ses vues idéalisées représentent un Orient rêvé aux tons mordorés et aux personnages contemplatifs, caractéristiques d’un regard occidental sur l'ailleurs.

Le motif de la répétition

La première salle de l'exposition s'ouvre sur son voyage initial en Egypte, en date de l'année 1873, lorsque depuis Naples, il se rend au Caire pour la toute première fois.

Hormis le voyage et la fascination pour l'Orient, Laurent Langer, conservateur au Musée d'art de Pully et spécialiste de la peinture suisse du XIXe siècle, indique à la RTS que la répétition est un autre thème récurrent chez l'artiste: "Auguste Veillon a la particularité de reprendre plusieurs fois le même motif dans différents tableaux. Par exemple, nous avons exposé trois fois la même composition qui s'appelle 'Matin à Clarens', avec à l'arrière-plan une vue sur les Dents du Midi et au centre, une barque lémanique aux voiles latines. C'est vraiment l'un des sujets les plus classiques du peintre."

Un artiste à succès

Par ailleurs, l'hypothèse que Veillon gagnait bien sa vie se trouve dans ce motif même: "On peut le deviner grâce à la répétition du même motif, car quand on voit le même tableau dans plusieurs collections publiques et privées qui se répètent à l'envi, on se dit que le peintre a eu des commandes successives de personnes qui lui demandaient le même tableau parce qu'ils le trouvaient beau. Et cela montre très bien le succès de sa carrière", conclut Laurent Langer.

Sujet radio: Florence Grivel

Adaptation web : Layla Shlonsky

Exposition Auguste Veillon, "Voyages au fil de l'eau", Musée d'art de Pully (VD), jusqu'au 18 juin 2023.