La photographe Ghislaine Heger expose des Romandes fières de leurs cheveux gris

Pour un homme, devenir grisonnant est souvent connoté comme un signe de maturité plutôt sexy. George Clooney, Patrick Dempsey et Jean Dujardin, pour n'en citer que quelques-uns, attirent encore les foules, et plus particulièrement les regards féminins.

Pour une femme, en revanche, c’est souvent vu comme un signe de négligence et de vieillesse, peu importe qu'elle ait 35 ou 70 ans. Cette couleur de cheveux, pas encore totalement acceptée sur le plan social, reste une source de discrimination, notamment sur le marché du travail et l'accès à l'emploi, décrit Ghislaine Heger.

Impact du confinement

La période du Covid-19 et du confinement a pourtant changé la donne pour certaines femmes. La fermeture des salons de coiffure et l'impossibilité d'acheter des teintures (considérées comme des produits non essentiels) en a poussé plus d'une à renoncer aux colorations et à laisser revenir le naturel au galop.

Et si la photographe vaudoise avait déjà son projet en tête avant la pandémie, on peut dire que celle-ci lui a facilité la tâche en mettant en avant des femmes ambitieuses et inspirantes, fières de leurs cheveux d'argent. Et qui ne tiennent en aucun cas à se justifier ni à s'excuser.

Personnalités publiques ou anonymes

Qu'elles soient conseillères fédérales ou d’Etat, avocates, artistes, cheffes d’entreprise, mères au foyer ou sportives, peu importe. Ghislaine Heger photographie ces femmes, tout en leur donnant la parole. Chacune raconte son histoire sur ce sujet clivant qui est abordé de manière légère ou engagée.

Dans le canton de Vaud, où l'exposition a débuté à Morges, la conseillère d'Etat Nuria Gorrite a accepté de faire partie de l’aventure, au côté  notamment de l'artiste Coralie Ehinger. Dans le Jura, la conseillère fédérale Elisabeth Baume-Schneider avait adhéré au projet avant même son élection. Quant à la journaliste de la RTS Claire Burgy, marraine de l’exposition, elle a été impliquée dans le projet dès le départ.

Liberté de choix

Régulièrement confrontées à des réflexions sexistes et/ou âgistes, ces femmes fraient leur chemin malgré les remarques et les conseils non sollicités, avec philosophie et humour, souligne la photographe qui a, elle, un avis nuancé sur la question. Dans ce travail, "il n’est nullement question de pointer du doigt qui que ce soit, de juger ou dire quoi faire. Les femmes doivent avoir la liberté de choix", estime-t-elle.

Et de se remémorer que sa grand-mère de 80 ans avait convoqué toute la famille le jour où elle avait décidé de cesser de se teindre les cheveux. Les femmes qui ont participé au projet relèvent au contraire combien il est cool de vieillir, glisse Ghislaine Heger.

>> A écouter: l'interview de Ghislaine Heger sur son exposition "Silver Power"

Ghislaine Heger

Déclinaison romande

Pour découvrir les portraits des 101 femmes participant au projet, il faudra voyager dans toute la Suisse romande. Jusqu'au 30 avril 2024, une exposition différente sera déclinée dans chaque canton, avec à chaque fois une vingtaine de portraits.

Après les Vaudoises, ce sera au tour des Jurassiennes fières de leurs cheveux gris, puis les Neuchâteloises, les Fribourgeoises, les Valaisannes, et enfin les Genevoises. Un texte de l'essayiste Mona Chollet accompagne l'exposition.

ats/sc

Ghislaine Heger, "Silver Power", Espace 81, Morges, jusqu'au 24 juin 2023 puis en tournée en Suisse romande