L'artiste Anjesa Dellova expose ses monochromes à Yverdon-les-Bains

Originaire du Kosovo, Anjesa Dellova se passionne pour la caméra dès son enfance, durant laquelle elle passe son temps à filmer sa famille. Elle commence ensuite la photographie, peut-être parce qu’elle aime cadrer, ou prendre de la distance avec les choses à travers un objectif. Forte de son expérience avec ces deux médiums, elle entre à l’ECAL, l'Ecole cantonale d'art de Lausanne.

En deuxième année dans cette filière artistique, elle explore la peinture. La jeune artiste se tourne vers la peinture à l’huile car elle sèche moins vite que la peinture classique. Elle aborde la toile directement en la frottant avec le pinceau. Cette technique, économe en peinture mais rude envers les pinceaux, devient sa marque de fabrique. Anjesa Dellova décide alors de se consacrer entièrement à la peinture. Elle est récompensée du prix bâlois Kiefer Hablitzel Göhner en 2022 et lauréate de la bourse Alice Bailly en 2023.

Une palette minimaliste

Les tableaux de la plasticienne, monochromes, représentent des personnes aux yeux souvent mélancoliques qui semblent sonder les âmes des spectatrices et spectateurs. Elle s’intéresse au poids du passé et des souvenirs, mais aussi à la banalité du quotidien, souvent violent. Derrière ses sujets, pas d’arrière-plan ou de décor. Le blanc de la toile possède lui aussi sa signification.

"Le monochrome a toujours été là. Le choix de la couleur dépend de ce que je peins: si le sujet est jovial, j’utilise une couleur vibrante qui crée une certaine présence. Si le thème est lourd et contient beaucoup de pathos, je ne vais pas utiliser du noir car cette couleur l’accentuerait. Je vais plutôt me tourner vers une couleur plus joviale pour rééquilibrer cette présence", explique Anjesa Dellova à la RTS.

Saute-mouton

Pour l’exposition collective au CACY d'Yverdon, Anjesa Dellova présente dans ses peintures le jeu de saute-mouton. "Tout est parti d’une discussion avec mes parents à propos du mot ‘Shala Pela’, qui signifie ‘saute-mouton’ en albanais. Ils y jouaient souvent lorsqu’ils étaient jeunes. C’est à partir de ce moment-là que j’ai commencé à imaginer mes parents en train de jouer. C’est un souvenir que je n’ai jamais vécu. Je me suis intéressée à l'exploration des souvenirs d’autres personnes dans une mémoire collective et individuelle."

Sujet TV: Julie Evard et Briag Bouquot

Adaptation web: Myriam Semaani

"Peintres, une exploration de la peinture contemporaine en Suisse romande", Centre d’art contemporain d’Yverdon-les-Bains (CACY), jusqu'au 27 août 2023.