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Un collectif artistique a "hacké" la collection Bührle du Kunsthaus de Zurich

Un collectif artistique a "hacké" la collection Bührle du Kunsthaus à Zürich. Image d'illustration. [Keystone - Walter Bieri]
Un collectif artistique a "hacké" la collection Bührle du Kunsthaus à Zürich / Le Journal horaire / 27 sec. / le 11 juillet 2023
Un collectif artistique a piraté l'exposition de la Collection Bührle au Kunsthaus de Zurich. Il a remplacé des informations rédigées accessibles aux visiteurs par code QR par des remarques particulièrement critiques sur la provenance des oeuvres présentées.

Quatre codes QR ont été manipulés, indique le porte-parole du Kunsthaus, Björn Quellenberg. Ce dernier confirme une information révélée mardi par la radio alémanique SRF.

Ces codes ne renvoient pas aux recherches de provenance des oeuvres, effectuées par la Fondation Bührle, mais au site en ligne du collectif artistique "KKKK" qui les a "hackés". Le piratage a été découvert le week-end dernier.

Double profiteur de la guerre 39-45

A titre d'exemple, le code QR piraté du "Garçon au gilet rouge", de Cézanne, renvoie à un commentaire dénonçant le fait que le collectionneur et marchand d'armes Emil Bührle a doublement profité du régime nazi. Son commerce lui a rapporté une fortune et il a, en plus, profité de la détresse de collectionneurs d'art juifs, persécutés par les nazis, pour se constituer sa propre collection.

Cette version des faits n'est pas contestée par les historiens. Le Kunsthaus ne les a toutefois jamais présentés avec autant de clarté.

>> Sur le sujet : Une étude confirme qu'Emil Bührle a créé sa collection grâce aux armes

Outre le tableau de Cézanne, KKKK répertorie sur son site internet quatre autres tableaux et leurs histoires. Le collectif montre, à l'aide de sources, comment ces oeuvres sont arrivées dans la collection Bührle et compare ces recherches avec la communication du Kunsthaus via les codes QR utilisés jusqu'à présent.

En arrière-plan de cette démarche figure le reproche récurrent selon lequel le Kunsthaus n'informe pas suffisamment sur le passé problématique de la collection Bührle. Selon SRF, le collectif KKKK se compose d'artistes et de journalistes. Deux d'entre eux ont notamment déjà écrit dans l'hebdomadaire WOZ sur le thème des provenances délicates.

Exposition revisitée dès novembre

Au mois de mars, le Kunsthaus a mis en place une nouvelle stratégie de recherche de provenance des oeuvres de la Collection Bührle. Une commission internationale indépendante d'experts participe à ces travaux. Un examen systématique et approfondi de la collection est en cours.

Le Kunsthaus proposera à partir du 3 novembre une nouvelle présentation de la très controversée Collection Bührle. Elle mettra l'accent sur le contexte historique et posera un regard critique sur la collection qui comprend 203 oeuvres.

Le Kunsthaus recherche activement le contact avec le collectif KKKK, précise son porte-parole. Dans le cadre de l'exposition, il y aura "éventuellement" la possibilité de discuter des positions de ces activistes, parmi d'autres.

Emil Bührle est devenu l'un des hommes les plus riches de Suisse grâce à des ventes d'armes pendant et après la Deuxième Guerre mondiale. Décédé en 1956, il a légué la collection à une fondation qui la gère depuis 1960. Elle a été déposée à titre de prêt permanent au Kunsthaus depuis l'automne 2021.

>> Revoir l'épisode de Mise au point sur la polémique autour de la collection Bührle :

La polémique autour d’un Monet exposé dans le plus grand musée d’art suisse
La polémique autour d’un Monet exposé dans le plus grand musée d’art suisse / Mise au point / 11 min. / le 13 février 2022

rad avec ats

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