Le Festival de photographies Alt+1000 questionne la notion de paysage

Une vingtaine d'artistes de toutes origines pour un livre d'images en plein air. Comme l'affirme à la RTS sa directrice Morgane Paillard: "Le festival ne propose pas de photos de paysages, même s'ils sont présents d'une certaine manière, mais nous invite à réfléchir sur cette notion de paysage. Le paysage est aujourd'hui omniprésent, comme les mots nature et environnement, mais alors que nous sommes 'environnés', nous faisons 'partie du paysage'. Être intégrés nous rend sensibles de manière différente".

Une exposition en plein air et immersive

Le fait d'être dans le paysage change-t-il la donne? "Oui, déclare Morgane Paillard. C'est très important. Tout à coup, on prend conscience du lieu dans lequel on se trouve. C'est un lieu qui semble naturel, mais c'est un endroit travaillé par la main de l'homme. Être dans le paysage nous recentre et des questionnements qui pourraient être abstraits deviennent concrets".

Il ne s'agit pas de montrer du beau paysage, mais de montrer nos interactions avec celui-ci. Comme avec ce travail de l'Argentine Ingrid Weyland. L'artiste froisse l'image imprimée en la tordant. Les traces laissées par la manipulation nous rappellent que certains dommages sont irrémédiables. "Mais il faut aussi montrer de la douceur et de la poésie, ne pas être que dans la brutalité", souligne Morgane Paillard.

>> A écouter, l'interview de Morgane Paillard dans "Vertigo" :

DR - Pierre-André Fragnière

Beauté et laideur du paysage

Qu'est-ce que le beau paysage? Et puis qu'est-ce qu'un paysage? Cette question obsède également la directrice du festival: "Il y a des paysages qui sont laids, d'autres qui nous touchent plus ou moins, tout cela est subjectif. Mais il y a paysage dès lors qu'on le regarde. Cela nous incite à en prendre soin, pas seulement en raison de leur beauté ou de leurs qualités patrimoniales".

Il n'est d'ailleurs pas certain que les peintres ou les photographes qui se sont intéressés au paysage en travaillant à l'extérieur se sentaient concernés par lui. Morgane Paillard s'interroge: "C'était un objet de contemplation et donc un point de vue externe. De plus en plus on perd ce point de vue externe pour être immergé. La façon dont on perçoit le paysage a beaucoup évolué".

Un appel au financement participatif

La biennale Alt+1000 a connu des temps difficiles. Présenter en pleine nature et gratuitement des travaux photographiques a un coût. Après son lancement en 2008 à Rossinière, dans le canton de Vaud, le festival s'est installé en 2019 dans les montagnes neuchâteloises. Le budget final de 330'000 francs a été bouclé grâce à une campagne de financement.

"Ce n'est pas tellement courant dans le milieu de la culture, en tout cas pour les arts visuels, mais les temps post-covid sont plus complexes, indique Morgane Paillard. On avait envie de tenter l'expérience en pensant que c'est aussi une façon de diversifier notre public".

Pierre Philippe Cadert/ld

Festival Alt+1000 à découvrir dans les montagnes neuchâteloises, jusqu'au 18 septembre 2023.