La saison du Musée cantonal de design et d'arts appliqués contemporains (mudac) "Space is the place" réunit les travaux de designers, artistes, auteurs de science-fiction ainsi que d'autres acteurs autour des enjeux extra-atmosphériques. Son objectif: réunir sciences et culture.
"Les deux expositions dialoguent dans des directions différentes", proposant un aller et retour vers l'espace, a expliqué la commissaire Marie Pok. Directrice du Centre d'innovation et de design (CID) au Grand Hornu en Belgique, elle a produit l'une d'elles, "Cosmos", avec l'astrophysicien Thomas Hertog.
Poussière lunaire
"Nous sommes partis d'un constat tout simple: la fascination pour la beauté des objets célestes et pour celle de l'architecture mathématique qui se cache derrière l'univers", a-t-elle raconté.
"Cosmos" examine l'univers depuis la terre: système solaire, trous noirs, nébuleuses, exoplanètes, ondes gravitationnelles, Big Bang, etc. Et s'incarne dans divers projets de design ou d'architecture.
L'exposition invite ainsi à une réflexion esthétique sur le temps et l'espace, les origines et les fins. A l'instar de cette installation évoquant l'odeur de la poussière lunaire, rapportée par Apollo 12 en 1969 ou de ce Requiem pour une étoile en train de disparaître.
Manipuler la planète
Dans la deuxième exposition, "Terra", le regard se retourne vers la terre. L'exposition examine les promesses techno-scientifiques de contrôle absolu et de manipulation de la planète. Héritées des Lumières, elles ont été largement accélérées par les révolutions industrielles et plus récemment par la géoingéniérie.
"Moment décisif de l'histoire, la conquête spatiale a permis de s'externaliser de la terre. De la croyance par les sens, nous sommes passés à la croyance par les sciences", explique Jolanthe Kugler, commissaire de "Space is the place" devant la première photo de la Terre prise de la Lune.
Cartes et interventions humaines
L'exposition décrit les outils de design pour objectiver la Terre, ajoute son collègue Scott Longfellow, présentant une partie consacrée à la cartographie. "Avant Newton, on se demandait comment on tenait sur ses pieds de l'autre côté de la Terre et longtemps on a cru que la planète n'était habitée que d'un côté".
Puis, au travers d'installations, les artistes s'interrogent sur la pensée systémique, le modèlement par l'aménagement du territoire pour anticiper les phénomènes naturels. Dans leurs réflexions également, les projets de géoingéniérie qui proposent de réagir au nouveau régime climatique par des interventions artificielles à l'échelle planétaire, tel l'ensemencement de nuages, pratiqué notamment en Chine.
Satellites zombies
A côté des deux expositions, le visiteur pourra découvrir l'installation "Hystérésia", une station d'écoute installée à l'extérieur du mudac qui capte les ondes résiduelles de 31 satellites zombies, ces types de débris spatiaux qui se remettent à communiquer après une longue période d'inactivité. A signaler également la silhouette lumineuse d'un astre sur la façade ouest du Musée cantonal des Beaux-Arts (MCBA) voisin.
En parallèle, la Cinémathèque suisse présentera jusqu'au 29 octobre un vaste cycle de plus de 32 films consacré à l'exploration spatiale au cinéma.
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ats/olhor