L'histoire rocambolesque de "La jeune fille triste" de Banksy racontée dans un documentaire

Paris, la nuit du 26 juin 2018. Une silhouette s'approche de la porte de secours du Bataclan, par laquelle de nombreux spectateurs du concert des Eagles of Death Metal s'étaient échappés pendant l'attaque terroriste du 13 novembre 2015.

Aux premières lueurs du jour, on découvre un personnage féminin à l'air triste. Bien que le pochoir réalisé à la peinture blanche ne soit pas signé, il ne fait aucun doute qu'il s'agit de l'œuvre du célèbre artiste britannique anonyme Banksy. "Il y a régulièrement des tags sur ce mur. On le repeint quotidiennement. L'agent de maintenance n'a pas fait attention et il était à deux doigts de repeindre la porte", raconte Florence Jeux, directrice du Bataclan de 2018 à 2022, dans le documentaire "Banksy, le Bataclan et la jeune fille triste".

Huit minutes

Paris, la nuit du 26 janvier 2019. En huit minutes, des malfaiteurs cagoulés munis d'une meuleuse dérobent l'œuvre avant de l'emporter dans un camion.

Campagne des Abruzzes, en Italie. Une ferme. Le 11 juin 2020. La porte est retrouvée. "Il y avait nous et l'œuvre... A ce moment-là, l'émotion était générale. Nous avions retrouvé une œuvre qui concerne toute l'humanité", se souvient le brigadier-chef italien Emiliano Ferrante. En 2023, huit hommes ont été condamnés à des peines allant jusqu'à deux ans d'emprisonnement ferme pour ce vol.

Devenu millionnaire après un gain au loto et considéré comme le commanditaire du vol, Mehdi Meftah a été uniquement condamné pour le recel de la porte. "On a dit: 'Banksy est venu et il nous a donné un cadeau'. Mais lui, il n'a rien dit: il a mis une photo sur Instagram et il est parti. (...) On a parlé de symbole. On essaye de donner à cette porte une dimension qui n'existe pas (...). Qu'elle soit faite par Banksy ou Jésus, c'est une porte", estime-t-il.

A la justice de trancher

Quatre ans après son vol, l'œuvre n'a toujours pas retrouvé sa place au Bataclan. Une question demeure en suspens: à qui la porte doit-elle être restituée? Une bataille judiciaire s'est engagée entre les propriétaires des murs du bâtiment et la société qui gère la salle de spectacle parisienne, dont le principal actionnaire est la Ville de Paris.

"La jeune fille triste" est retombée dans l'anonymat. Elle est désormais sous scellée en France, en attendant le verdict de la justice.

>> Ecouter aussi l'épisode du podcast du Point J sur Banksy :

Valentin Jordil