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Le Kunstmuseum de Bâle refuse de restituer un tableau au passé trouble

"La muse inspirant son poète" d'Henri Rousseau exposé au Kunstmuseum de Bâle, ici en 2019. [Keystone - Georgios Kefalas]
Le Kunstmuseum de Bâle refuse de restituer un tableau au passé trouble / Le Journal horaire / 36 sec. / le 16 janvier 2024
Le prestigieux Kunstmuseum de Bâle a indiqué mardi qu'il refusait de restituer un tableau d'Henri Rousseau que lui avait vendu en 1940 une comtesse allemande, arguant que l'oeuvre n'avait pas été spoliée par les nazis. Des pourparlers sont en cours pour une indemnisation "juste et équitable".

Le Kunstmuseum de Bâle a acquis en 1940 le tableau "La muse inspirant le poète/ Apollinaire et sa muse" (1909) du célèbre peintre figuratif autodidacte français Henri Rousseau, dit Le Douanier Rousseau, auprès de la comtesse Charlotte von Wesdehlen, selon un communiqué.

En 2021, les avocats d'une de ses descendantes ont pris contact avec le musée pour demander sa restitution. La commission artistique du Kunstmuseum a alors vérifié le contexte dans lequel le tableau a été acquis.

Restitution demandée en 2022

Le département de recherche de provenance du musée bâlois a établi les faits historiques. Un groupe de travail a été mis en place pour discuter des solutions possibles. Le résultat a été communiqué aux avocats du requérant lors d'une réunion en juin 2022. Les représentants du requérant ont demandé la restitution de l'oeuvre, précise le musée.

Selon le Kunstmuseum, la vente du tableau d'Henri Rousseau par Charlotte von Wesdehlen fait partie des cas traités en Suisse comme des ventes de "biens en fuite". Il s'agit des ventes faites par des émigrés ayant fui l'Allemagne nazie vers un pays étranger non occupé entre 1933 et 1945.

"Solution juste et équitable"

"Contrairement à l'art spolié, 'l'art en fuite' désigne des oeuvres d'art que leurs propriétaires ont emportées et vendues dans un pays tiers sûr, à l'exemple de la Suisse, en raison des persécutions nazies", selon le Kunsthaus de Bâle.

Aussi, fait-il valoir, "contrairement au cas de l'art spolié, les propriétaires se voyaient proposer pour partie un prix conforme à celui du marché qu'ils pouvaient fixer librement". Le Kunstmuseum considère qu'il n'existe pas de droit de restitution pour ce tableau. Le musée préconise des négociations pour une "solution juste et équitable" comme le prévoient les principes de Washington. Ces négociations ont débuté.

La Commission des beaux-arts et le Kunstmuseum adhèrent aux principes de Washington. Ils estiment que certains cas de ventes de "biens en fuite" doivent être jugés en vertu de ces principes. La restitution de "biens en fuite" est possible, mais constitue une exception. Une telle exception "n'est ni évidente ni justifiée dans le cas" du tableau d'Henri Rousseau, souligne le musée.

ats/afp/mh

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