A Genève, l'exposition "Making Light of Every Thing" interroge la représentation de l'intime

L'intime est une notion souvent difficile à définir qui peut se situer dans un souvenir d'enfance, à l'intérieur de sa maison, dans les gestes échangés avec ses proches, dans la familiarité d'une image ou encore dans l'attachement à un objet, à une matière ou à une texture.

"Sans montrer directement des situations immédiatement identifiables comme intimes, comment la photographie peut-elle exprimer un rapport à ce sentiment, son caractère fugace et impalpable? Comment peut-elle mettre en image les rapports à la mémoire, forcément faillibles, les liens souvent complexes et changeants aux personnes chères, ou encore la relation à un chez-soi dont la familiarité peut tourner à l'étrange à tout moment?", écrit le Centre de la photographie de Genève dans sa présentation de "Making light of every thing".

Par des processus de manipulation d'images tels que l'intelligence artificielle, le bricolage, les collages, le photomontage, les artistes réunis dans cette exposition collective tentent de rendre visible une forme d'intimité, de l'expression la plus personnelle d'une émotion.

Rendre plus palpable la notion d'intimité

Les images exposées dans "Making Light of Every Thing" ne sont pas des photographies traditionnelles. Ces fabrications d'images rendent plus palpable et plus vraie la notion d'intimité. "Notre parti pris a été de se dire qu'une image qui est construite, fabriquée, manipulée de multiples manières, peut aussi exprimer quelque chose de notre rapport intime au monde", explique Danaé Panchaud, directrice du Centre de la photographie de Genève dans l'émission Vertigo du 21 mars.

Pour exemple, avant ses 12 ans, Sara De Brito Faustino n'a pas de souvenirs de son enfance. Son histoire personnelle difficile est au coeur de son travail et c'est grâce à ses maquettes qu'elle tente de reconstruire les images manquantes. "J'ai, de façon très laborieuse, reconstruit la scène en 3D mais avec des impressions qui proviennent du scan de photographies argentiques. C'est une sorte d'obsession de ma part de vivre ce moment et d'entrer dans ces scènes", raconte-t-elle dans l'émission Vertigo.

Générer des images pour parler de nos souvenirs, fabriquer de petites maquettes pour parler de la maison de son enfance, ajuster des papiers colorés devant la caméra pour créer des compositions abstraites magnifiques, ou encore assembler des images pour créer des lieux qui n'existent pas, telles sont les propositions faites par les artistes de cette exposition collective. Les œuvres exposées dans "Making Light of Every Thing" mettent en lumière le caractère marquant, mais aussi parfois faillible, étrange et reconstruit, des souvenirs.

Propos recueillis par Florence Grivel

Adaptation web: ld

"Making Light of Every Thing", avec Akosua Viktoria Adu-Sanyah, Jessica Backhaus, Emma Bedos, Mathieu Bernard-Reymond, Sara De Brito Faustino, Charlie Engman, Alina Frieske, Peter Hauser, Moritz Jekat, Leigh Merrill, Taiyo Onorato & Nico Krebs, Martin Widmer, Centre de la photographie de Genève, du 28 février au 28 avril 2024.

Le 18 avril 2024 au Centre de la photographie de Genève se tiendra une conférence table-ronde autour de l'intelligence artificielle.