A l'entrée de l'exposition "Wobbly" de Christian Gonzenbach à la Galerie C de Neuchâtel, les spectateurs et spectatrices sont accueillis par une grande sculpture. Une vasque? Une huître gigantesque? Un lobe d'oreille? Il s'agit en vérité de l'empreinte en négatif agrandie du périzonium du Christ, ce pagne qui aurait ceint le bassin de Jésus pour cacher sa nudité en croix. Cet objet devient entre les mains de l'artiste un véritable bassin.
Maître de la transformation et de l'exploration infinie, Christian Gonzenbach propose aussi dans une salle dédiée un royaume de répliques de moteurs de toutes sortes en céramique rouge sang, qui ressemblent à des organes dégoulinants d'émail. En contraste avec cette flamboyance, on peut aussi admirer de drôles de fleurs en bronze kitsch et en même temps éteintes, tristes et absurdes.
"Ces fleurs sont doublement fausses puisque d'une part elles sont en bronze, et d'autre part je n'ai pas moulé de vraies fleurs, mais des Lego. Ces fleurs [en plastique] ont été retravaillées, un peu hybridées, greffées puis coulées en bronze, dans des tons très terreux, comme des vieux pots rouillés", explique l'artiste dans l'émission Vertigo du 18 novembre. Le résultat ressemble à des champs de tournesols à la fin de l'été, très beaux et très tristes à la fois. "Du coup, on ne sait pas trop comment ressentir les choses", indique Christian Gonzenbach.
Des masques issus de peluches
Sur l'entier d'un autre mur, on peut voir une installation d'étranges masques animaliers. Ce sont des peluches de polyester, sur lesquelles l'artiste a fait grandir des couches de cuivre par galvanoplastie dans des cuves d'acide. Par électrolyse, les particules de cuivre se fixent sur les peluches, dont il ôte ensuite l'intérieur pour ne conserver que les peaux.
Les objets sont la grande passion de l'artiste, qui ne cesse de les interroger en s'en emparant pour les extraire de leur réalité et les envoyer vers d'autres possibles. "Cette histoire humaine racontée par les objets est fascinante. Et je crois que c'est cela que j'ai envie de raconter aussi: comment, par les objets, on crée des liens entre nous et on crée un monde qui parfois nous dépasse complètement", explique Christian Gonzenbach.
Intitulée "Wobbly", soit "vacillant", "chancelant" en français, l'exposition questionne le moment "où les choses perdent l'équilibre et cessent d'être orthogonales. Elles deviennent intéressantes, car c'est à nous de nous questionner et de nous repositionner face à elles", conclut l'artiste.
Sujet radio: Florence Grivel
Adaptation web: Melissa Härtel
Christian Gonzenbach, "Wobbly", Galerie C, Neuchâtel, du 14 novembre au 21 décembre 2024.