"On n'ose plus se toucher", entend-on de toute part. Dans son spectacle "Kantik", présenté fin avril 2024 à la Comédie de Genève, la chorégraphe franco-suisse Perrine Valli fait tout le contraire: elle y explore les lois du désir et l'attraction des corps, offrant à l'art de jouer un rôle aphrodisiaque. Celle qui est aussi sexologue remet ainsi le corps au coeur du désir.
"Pour moi le désir, c'est la création, explique l'artiste dans le centième numéro de l'émission Ramdam du 16 mai. Dans les chakras, l'énergie sexuelle et créatrice, c'est le même point". Désir, manque de libido, fantasme ou orgasme, les thématiques abordées dans son cabinet de sexologue permettent à Perrine Valli de nourrir sa création artistique.
Entre érotisme et sexualité
Interprété par onze danseurs et danseuses, "Kantik" n'est pourtant pas un spectacle sur l'acte sexuel en lui-même. Il aborde l'influence de l'énergie sexuelle sur les corps. Entre le visible et l’invisible, Perrine Valli construit une poétique du mouvement pour danser, aux frontières de l’érotisme et de la sensualité. "Ce sont nos pensées, nos fantasmes, nos envies, nos peurs, ce que l'on espère ou que l'on projette, tout ce qui se passe dans notre tête", indique-t-elle.
Pour la chorégraphe, l'art permet de se reconnecter à nos émotions. "Il ne faut pas partir dans un monde trop virtuel, car cela déconnecte du corps et donc de la sexualité et du désir. L'art permet de remettre les gens ensemble, dans un théâtre ou face à un tableau, ou encore grâce à une musique", livre-t-elle.
A l'inverse, la photographe et performeuse suisse Claudia du Lièvre vend ses charmes, son corps, son sexe, sur internet. Cette libertine des temps modernes prouve quant à elle que l’ère de la récession sexuelle n’a pas encore sonné.
Propos recueillis par Joëlle Rebetez
Adaptation web: mh