La peintre française Germaine Boy était éprise du Valais. Elle venait chaque année passer l'été à Savièse et peindre la nature et les paysages. Ses œuvres, réalisées en Valais entre 1910 et 1950, sont envoyées dans des salons parisiens, exposées et vendues de son vivant.
Vers la fin des années 1960, une quarantaine de ces peintures reviennent en Suisse et sont acquises par le Musée d’art du Valais. Oubliée lors de l'écriture de l'histoire du singulier phénomène culturel de l'École de Savièse, qui désigne les artistes peintres ayant trouvé l'inspiration à Savièse ou y ayant vécu, Germaine Boy est une artiste qui participe pourtant au développement d'une iconographie régionale et à la diffusion de l'image rurale du Valais à l'extérieur du canton.
Un travail d'enquête
Après sa mort en 1971, Germaine Boy disparaît des radars. C'est une de ses oeuvres, "Amorce d'une renaissance", qui remet son travail à l'honneur. "J'avais envie de commencer par l'oeuvre qui a un petit peu tout changé. En 2019, la conseillère communale en charge du dicastère de la culture, Annie Héritier, et moi-même avons été approchées par un marchand d'art qui nous a montré cette très belle oeuvre de Germaine Boy intitulée 'Savièse Suisse', qui représente une procession de Saviésannes", raconte dans l'émission Vertigo du 5 décembre Isaline Pfefferlé, conservatrice/collaboratrice scientifique et curatrice de l'exposition.
Isaline Pfefferlé et Annie Héritier découvrent donc le travail magnifique de l'artiste qu'elles ne connaissent pas et qui ne figure pas dans les livres. "On a réfléchi un petit peu et on s'est dit que ce n'était pas parce qu'elle n'était pas dans les livres qu'elle ne méritait pas d'attention". Les deux femmes commencent alors des recherches et une véritable enquête afin de rendre à Germaine Boy la place qui lui est due.
Oubliée de l'histoire de l'art
L'oeuvre de Germaine Boy est très moderne, avant-gardiste. "Elle s'est concentrée vraiment sur les sujets et a complètement délaissé le contexte. Il n'y a absolument aucune mise en scène, c'est très typique de Germaine Boy", souligne Isaline Pfefferlé. L'accent est mis sur la travailleuse, sur la Saviésanne, sur ses outils. "La représentation est ancrée dans la réalité. Contrairement à d'autres artistes de l'Ecole de Savièse, Germaine Boy ne tombe pas dans l'idéalisation, au contraire, elle accorde un intérêt ethnographique au travail des champs", précise encore Isaline Pfefferlé.
Invisibilisée par l'histoire, oubliée pour ses oeuvres, Germaine Boy retrouve sa véritable place d'artiste dans cette exposition inédite.
Sujet radio: Florence Grivel
Adaptation web: ld
"Germaine Boy - Entre Paris et le Valais", Espace d'exposition de la collection communale, Savièse (VS), du 28 septembre 2024 au 27 juillet 2025.