"Il était une fois les stades" questionne un des lieux les plus emblématiques du sport

Unité de longueur sous la Grèce Antique, le stade est rapidement assimilé à un vaste espace vide dédié aux sportifs et aux spectacles, entouré de gradins pour le public. Un usage d'actualité qu'on retrouvait également durant la période du Colisée de Rome, explique Emilie Régnault, commissaire de l'exposition "Il était une fois les stades" proposée par la Cité de l'architecture et du patrimoine jusqu'au 16 septembre.

"A cette époque du Colisée, il y avait une grande arène capable d'accueillir 50'000 personnes et selon la coupe des plans du monument italien, on voit qu'il y avait déjà un système de circulation à l'arrière des tribunes", détaille l'attachée de conservation dans l'émission Vertigo du 22 avril. "Cela prouve que la question de l'évacuation du public était déjà importante. Et la prouesse, pour l'époque c'est que l'évacuation s'effectuait en huit minutes".

Renaissance au début du XXe siècle

Jusqu'à la fin du XIXe siècle, les stades existants sont un peu délaissés et le sport est réservé aux aristocrates. Mais sous la pression des discours hygiénistes, le sport commence par s'inviter dans les écoles grâce à la loi George du 27 janvier 1880. Dès lors, la gymnastique est obligatoire pour les garçons. Et pour les filles ce sera deux ans plus tard.

Le véritable changement s'opère à partir de l'entre-deux-guerres. La réduction du temps de travail et les congés payés permettent de répandre le sport dans toute la société. Et pour le pratiquer, il faut des lieux dédiés. Les stades se multiplient sur l'ensemble du territoire, souvent sous l'impulsion de maires socialistes, notamment à Lyon, Bordeaux et Marseille.

Sport pour tous versus sport spectacle

Entre 1920 et 1945, le nombre de licenciés en athlétisme triple, quand aux footballeurs ils passent de 76'000 à 277'000. Autre sport populaire pratiqué par un grand nombre: le vélo, ce qui explique la présence de pistes de vélodrome dans la plupart des stades.

Durant les Trente Glorieuses, le rôle volontariste de l'Etat se renforce. Les collectivités sont incitées à construire massivement, dans un souci d'équité. Des stades standardisés vont fleurir un peu partout jusqu'au début des années 1980.

En parallèle, l'accueil de grandes compétitions internationales telles que la Coupe du monde de football ou les Jeux olympiques poussent les Etats à construire des stades de très grande capacité et dotés d'une architecture audacieuse. En 1950, le Brésil présente son stade de Maracanã capable d'accueillir 200'000 spectateurs pour la Coupe du monde de football. Le Stade de France sera pour sa part inauguré en 1998 à l'occasion de cette même compétition.

Sarah Clément

"Il était une fois les stades", Cité de l'architecture et du patrimoine, Paris, jusqu'au 16 septembre 2024.

Un sujet réalisé dans le cadre de la semaine spéciale Paris de la RTS: "La culture, c'est du sport"