La Fondation Ateliers d'Artiste, un sanctuaire pour 70'000 œuvres d'artistes romands
Toutes les œuvres font l'objet d'un examen minutieux avant de rejoindre les collections. Une équipe de bénévoles inventorie les tableaux et les gravures pour les rendre visibles en ligne. Certains doivent passer par la case restauration.
Cette collection est le fruit de contacts que la fondation a établi avec des artistes romands d'un certain âge ou avec leur entourage.
Le conservateur d'Ateliers d'Artiste Walter Tschopp prend l'exemple du peintre vaudois Charles Meystre (1925-2013), qui a fait carrière à Paris. "Charles Meystre nous a dit: 'j'attendais votre appel depuis des années'", raconte Walter Tschopp. "Nous avons plus de 100 pièces de lui. Il faudra un jour faire une exposition", note-t-il.
Des entrepôts bientôt pleins
La liste d'attente s'allongeant et les places de stockage faisant défaut, la fondation a dû instaurer un moratoire de deux ans. L'institution valaisanne possède déjà trois entrepôts, qui sont presque combles.
A l'intérieur se trouvent des fonds sauvés parfois in extrémis. Par exemple, des portraits réalisés par un artiste qui avait ses entrées à la Société des Nations ont été récupérés dans une poubelle.
"Quand on voit l'importance historique et artistique de ce travail et qu'on pense que c'est sauvé de la benne, il y a de quoi se poser des questions", lance Walter Tschopp.
Souvent, après le décès de l'artiste, les familles se retrouvent avec un patrimoine artistique conséquent et ne savent pas toujours comment le gérer.
Organisation d'expositions
Pour valoriser ces œuvres, la fondation organise des expositions, dont celle intitulée "Femmes et artistes après 1930", qui dure jusqu'au 7 juillet.
Mais ce n'est que la pointe de l'iceberg. "Soixante fonds d'ateliers attendent de pouvoir entrer dans cette fondation. Et nous avons dû poser un moratoire jusqu'en 2025, car nous n'arrivons plus à suivre. Les questions qui se posent, c'est que conserver, selon quels critères, pour quel public et à quelle échéance", souligne Philippe Kaenel, professeur d'histoire de l'art contemporain à l'Université de Lausanne et membre de la commission de la médiation culturelle de la fondation.
Ces questions feront l'objet d'un colloque en octobre. La Fondation Ateliers d'Artiste, débordée par l'ampleur de sa mission, aimerait également solliciter l'aide des pouvoirs publics afin de sauver ce patrimoine romand.
Claudine Gaillard Torrent/ami