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La mer, aussi belle que dangereuse, est à l’honneur au MCBA de Lausanne

Caroline Bachmann (*1963) et Stefan Banz (1961–2021), "La longue vue", 2006. [©Caroline Bachmann et Stefan Banz /MCBA - Sun Jianwei et Christoph Eckert]
Mer ! Mer ! / Vertigo / 8 min. / le 21 octobre 2024
Le Musée cantonal des beaux-arts de Lausanne (MCBA) consacre jusqu’au 12 janvier 2025 une exposition à la mer intitulée "Thalassa! Thalassa! L'imaginaire de la mer". Au programme, deux étages d’œuvres figuratives variées courant du XIXe siècle à nos jours.

L’exposition "Thalassa! Thalassa! L'imaginaire de la mer" du Musée cantonal des beaux-arts de Lausanne (MCBA) est divisée en trois chapitres maritimes: "Rivages", "Profondeurs" et "Abysses". De quoi faire plonger les visiteurs et visiteuses dans la mer et son histoire. Fascinante et dangereuse, elle devient sujette principale de tableaux dès l’époque romantique, au XIXe siècle. Peuplée de créatures imaginaires ou témoin de découvertes scientifiques, la mer procure toutes sortes de nouvelles formes à exploiter.

"Jusqu'à la fin de la période classique vers 1800, la mer fait peur et dégoûte, explique Catherine Lepdor, conservatrice et curatrice de l’exposition, dans l’émission Vertigo du 21 octobre. On ne sait pas son étendue, ni sa profondeur. Les personnes qui peuvent s’y risquer sont peu nombreuses et le font toujours au péril de leur vie. On navigue en cabotage, près des côtes. C'est dans cette méfiance que sont nés les grands récits de la mythologie."

Peur, plage puis études

Dès les années 1900 cependant, le tourisme de plage se développe. Dans la première salle de l’exposition, des toiles de Félix Vallotton et d'Albert Marquet peignent ce phénomène, mais la mer est absente de la composition. "Les peintres vont être conscients de cette manière qu'a la civilisation 1900 de coloniser la plage, précise Catherine Lepdor. C'est proustien: finalement, on est plus dans la sociabilité que dans la jouissance de l'eau. Ils vont montrer comment cet espace fantasmé d'un rivage où l’on serait seul face à la mer en écoutant ses bruits n’existe plus. Ils changent leur angle de vue et se retournent vers l'intérieur de la plage."

Du côté scientifique, les visiteurs et visiteuses pourront admirer des œuvres de Jean-Francis Auburtin. Ses tableaux donnent l’impression d’avoir été peints dans les profondeurs de la mer. Un talent mis au service de la Sorbonne à Paris entre 1897 et 1898, tandis qu’il peint un grand décor pour l'amphithéâtre de la zoologie.

Jean-Francis Auburtin (1866–1930)"Algues au requin bleu", 1897 Gouache sur papier, 73×100 cm. [Collection particulière, Paris / MCBA - Jean-Louis Losi]
Jean-Francis Auburtin (1866–1930) "Algues au requin bleu", 1897 Gouache sur papier, 73×100 cm. [Collection particulière, Paris / MCBA - Jean-Louis Losi]

"Il est entouré de scientifiques et il s'agit pour lui de montrer ce qu'on n'a jamais montré: une coupe en profondeur dans la mer, explique Catherine Lepdor. Sur les conseils des scientifiques, il fait une campagne d'études qui va le mener au bord de la Méditerranée et de l'Atlantique, dans les stations biologiques. Il est l’un des premiers à pouvoir réaliser des aquarelles devant les aquariums".

Aujourd’hui, une mer toujours aussi dangereuse

La grande verrière du hall du MCBA accueille aussi une œuvre de l’artiste suisse Sandrine Pelletier, une grande vague immobile. "Pour moi, la mer a évidemment une image plutôt romantique. Cette période de la peinture me passionne. Et puis c’est aussi la migration, les barrières et les frontières. Donc pour moi, la mer n’est pas du tout balnéaire. Elle est sombre, abyssale et dangereuse", explique l’artiste.

Sujet radio: Florence Grivel

Adaptation web: Myriam Semaani

"Thalassa! Thalassa! L'imaginaire de la mer", Musée cantonal des beaux-arts (MCBA), Lausanne, du 4 octobre 2024 au 12 janvier 2025.

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