Au château de Gruyères, des oeuvres en grand format représentent des fleurs et des plantes retravaillées par l’artiste lausannoise Maya Rochat. À partir de diapositives, elle transforme les images, les rendant abstraites, superposant les couleurs. Avec cette suite d’images aux couleurs chatoyantes, elle évoque la métamorphose du paysage à l’ère de la fonte des glaciers.
"Dans mon travail de performance, j'utilise notamment des machines de projection analogiques datant des années 1960 et 1970, explique Maya Rochat dans l’émission Vertigo du 25 juillet. Je suis souvent à la recherche de carrousels Kodak, plutôt rares. Sur [le site de petites annonces] anibis, ces carrousels sont à vendre, mais il faut prendre l'archive de diapositive qui va avec."
Une inspiration inattendue
Curieuse, l’artiste jette souvent un œil aux diapositives contenues dans ses nouvelles acquisitions. Un jour, elle découvre une grande collection d’images de plantes et de fleurs. "Il y avait peut-être plus de quarante ans de photographies prises par un couple de mycologues amateurs. La collection était très bien répertoriée. C’est ainsi que l'idée de la chimie m’est venue", précise Maya Rochat.
Et d'ajouter: "Après avoir fait un travail de sélection des images, je me suis laissée inspirer par le côté fluide de l’eau, mais aussi de l'eau de javel – j’ai utilisé des produits de nettoyage, issus de l’environnement domestique, pour agresser les images. Finalement, il y a quelque chose dans mon travail d’assez léger, puisque j'aime utiliser ce qui m'entoure."
Une technique surprenante
Ainsi, Maya Rochat utilise ces produits chimiques du quotidien pour enlever de la matière aux images. "Après un long temps de séchage, une sorte de chimie se dépose et crée de la profondeur. Je trouve ce résultat beau, entre la création et la destruction. Comme une sorte de tension et d’acceptation entre les deux, intrinsèquement liés."
Le procédé est cependant risqué: "Il m’est arrivé d’y aller trop fort. J’ai laissé sécher trop longtemps, puis il n’y avait quasiment plus rien sur le négatif. Mais en le scannant et en l’agrandissant, une sorte de micro-matière est réapparue. Donc même si à l'œil nu, on ne voit rien, la machine montre qu'il y a encore de l'information qui est présente dans le négatif", explique Maya Rochat.
Propos recueillis par Rafael Wolf
Adaptation web: Myriam Semaani
"Action will follow vision" de Maya Rochat, esplanade du Château de Gruyères (FR), du 6 juillet 29 septembre 2024.