Les oeuvres fluorescentes de Dan Flavin mises en lumière au Kunstmuseum de Bâle

En 1963, Dan Flavin réalise un coup d'éclat en installant un banal tube fluorescent - produit à la base commercial - sur le mur de son atelier, décrétant qu'il s'agissait d'une oeuvre d'art. A partir de ce moment-là, l'artiste va explorer toutes sortes de variations avec le fluorescent qu'il adapte selon les contextes dans lesquels il expose. Elaborant une nouvelle forme d'art, il devient l'un des pionniers de l'art minimal et connaît, de son vivant déjà, un immense succès. Aujourd'hui encore, il est exposé dans les plus importants musées du monde.

Evoquant des usines, des établissements de restauration rapide ou des parkings, ses oeuvres sont réalisées avec une palette de couleurs réduite, conséquence du mode de fabrication des lampes produites de manière industrielle qu'il utilise. On retrouve du bleu, du vert, du rouge, du rose, du jaune, de l'ultraviolet et quatre tons de blanc.

De nombreux critiques d'art ont estimé qu'il y avait une dimension christique ou métaphysique dans son oeuvre. Une interprétation que l'artiste a toujours réfutée. Il "nie toute teneur symbolique et fait fi de l'effet parfois subtil de son oeuvre", explique le Kunstmuseum de Bâle. Et lorsqu'on le questionnait à ce sujet, l'artiste répondait: "It is what it is and it ain't nothin' else" ("C'est ce que c'est et ce n'est rien d'autre").

Reconsidérer l'espace

A Bâle, l'exposition "Dédicaces en lumière" à voir jusqu'au 18 août met l'accent sur des oeuvres que cet Américain étonnant et singulier a dédié à d'autres grands artistes, comme Matisse, Tatlin, Donald Judd, Jasper Johns ou encore Sol LeWitt. Certaines sont visibles pour la première fois en Suisse. Mais Dan Flavin a aussi dédié des oeuvres à des personnes moins connues ou même inconnues. Il a même choisi d'en dédier une à son chien. Composée d'une succession de tubes fluorescents verts, cette oeuvre remarquable est à voir au Kunstmuseum.

Certaines plus complexes que d'autres, toutes les installations de tubes présentées à Bâle invitent le public à reconsidérer à la fois l'espace dans lequel il se trouve et l'objet même de l'art. Une visite qui stimule tous les sens.

Une exposition belle et puissante

"Pour moi c'est un peu un rêve de faire cette exposition, indique Josef Helfenstein, directeur du musée fraîchement à la retraite et co-commissaire de 'Dédicaces en lumière', dans l'émission Vertigo du 4 mars. C'est immersif, mais ce n'est pas cérébral. Et l'effet produit par ces couleurs et ces oeuvres est totalement différent d'une exposition de peinture ou de dessin".

A à la fois belle et puissante, avec une scénographie extrêmement bien pensée, voilà une expérience immersive magistrale à ne surtout pas manquer.

Sujet radio: Florence Grivel

Adaptation web: aq avec ats

"Dan Flavin - Dédicaces en lumière", Kunstmuseum de Bâle, du 2 mars au 18 août 2024