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Les recherches autour de la collection Bührle sont insuffisantes, conclut un rapport

Les recherches autour de la collection Bührle sont insuffisantes, conclut un rapport indépendant. [KEYSTONE - ENNIO LEANZA]
Le traçage des œuvres de la collection Bührle est insuffisant, conclut un rapport zurichois / Le 12h30 / 1 min. / le 28 juin 2024
Le flou persiste autour des œuvres d’art de la collection Bührle exposées au Kunsthaus de Zurich, potentiellement spoliées durant le nazisme ou achetées à des juifs qui fuyaient les persécutions. Les recherches effectuées jusqu'ici ne sont pas suffisantes pour satisfaire aux normes de la Société zurichoise des Beaux-Arts, selon un rapport.

Ce rapport indépendant était très attendu dans le monde de l'art et ses conclusions sont claires: la fondation Bührle a certes mené des recherches approfondies sur sa collection, mais elles restent lacunaires.

C’est ce que conclut l'évaluation mandatée par la Ville et le canton de Zurich, ainsi que la société zurichoise des Beaux-Arts, l’association responsable du Kunsthaus, qui ne veut pas voir exposés dans le musée des biens culturels spoliés durant la période nazie.

Poursuivre les recherches

Face à ce constat, les spécialistes de l'équipe dirigée par l'historien Raphael Gross préconisent de poursuivre les recherches autour de cette collection constituée par Emil Bührle, qui avait fait fortune en autres en vendant des armes aux nazis. "Sans persécution, [sa collection] n’aurait jamais vu le jour", stipule le rapport. L’objectif est d'identifier les anciens propriétaires juifs et la spoliation dans le cadre de persécutions des œuvres de la collection.

Face aux médias réunis vendredi à Zurich, l'historien a aussi exigé que la Société d'art, qui chapeaute le Kunsthaus, nomme un comité pluridisciplinaire pour élaborer les critères d'évaluation des spoliations nazies, afin d’analyser l'origine de toutes les oeuvres exposées au Kunsthaus, aussi bien pour la collection propre que pour les œuvres qui lui sont prêtées de manière permanente.

Renommer la collection?

Enfin, le rapport suggère une réflexion collective - peut-être même publique - autour du titre de la collection qui porte toujours le nom du collectionneur au passé trouble.

La prestigieuse collection réunie par le marchand d'armes zurichois entre 1936 et 1956 compte 633 œuvres. La fondation a fait un prêt à long terme de 205 d’entre elles au Kunsthaus. Nombre d'entre elles étaient détenues par des propriétaires juifs au moment de la Deuxième Guerre mondiale. Ces dernières sont parvenues jusqu'à Emil Bührle soit directement soit par plusieurs intermédiaires.

Les mandataires du rapport (Ville, canton et Kunsthaus) ont annoncé dans un communiqué qu'ils allaient analyser les observations des experts. Ils entendent prendre position à la mi-juillet.

Camille Degott/kkub

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