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Lucie Kohler expose à Lausanne ses dessins grinçants et ses toasts en céramique

Reproduction transmise par Lucie Kohler pour son passage dans Vertigo le 29.11.2024. [DR]
L'invitée: Lucie Kohler, "Something is cooking" / Vertigo / 16 min. / vendredi à 17:06
Arrosés d'une pincée d'absurde et d'humour, les dessins aux crayons de couleur de l'artiste Lucie Kohler se dégustent à l'Espace RichterBuxtorf, à Lausanne, jusqu'au 12 décembre. L'exposition "Something is cooking" présente aussi une série de toasts garnis, réalisés en céramique.

Dans son travail, Lucie Kohler questionne le rapport entre le sauvage, le civilisé et le domestiqué. On peut voir dans ses oeuvres beaucoup d'animaux qui viennent interroger, de par leur comportement ou leur posture, notre animalité et notre civilisation. Son monde est "totalement hybride, humain-animal, réel-inventé, figuratif-symbolique. Elle met en scène des personnages hybrides, des associations incongrues, une fin inéluctable", souligne sur son site l'Espace RichterBuxtorf.

Les dessins de l'artiste, créés aux crayons de couleur, rappellent par certains côtés le monde de l'enfance, notamment dans les couleurs ou les formes plutôt rondes. Mais les références culturelles qu'ils contiennent s'adressent plutôt aux adultes. De Jérôme Bosch pour les êtres chimériques en passant par René Magritte pour le surréalisme, l'artiste lausannoise utilise une multitude de représentations dans son travail.

"J'ai une banque de données d'images qui proviennent aussi bien des illustrations médiévales que de la peinture classique, ou du surréalisme, mais aussi des petites images mignonnes de chats sur les réseaux sociaux, par exemple (...) Après, en fonction de ce que je veux leur faire dire, je vais les utiliser, les mélanger, les transformer", explique Lucie Kohler dans l'émission Vertigo du 29 novembre.

Lucie Kohler, "Toutes les larmes de mon corps", 2022. [RichterBuxtorf]
Lucie Kohler, "Toutes les larmes de mon corps", 2022. [RichterBuxtorf]

De minuscules détails

Le crayon de couleur permet à l'illustratrice de réaliser de tout petits détails. Et comme il ne se mélange pas de la même façon que de la peinture, l'artiste superpose les couleurs, créant ainsi "une vibration" qu'elle apprécie. Le processus prend du temps, car certains de ses dessins sont particulièrement grands. "Ce que j'aime aussi, surtout dans les plus grands formats, c'est que l'on voit la texture du trait, tous ces petits traits côte à côte que je n'aurais peut être pas forcément en peinture. J'aime bien ce côté répétition et puis patience", indique Lucie Kohler.

Les dessins exposés à l'Espace RichterBuxtorf sont emplis d'humour, souvent lié au titre du tableau. On a envie de rire ou de sourire, mais l'on sent dans ces oeuvres une certaine cruauté, voire un malaise. "Sous couvert de ces jolies couleurs, de quelque chose d'assez joyeux au premier abord, il y a quasiment toujours [quelque chose] qui grince un peu. On ne sait pas trop de quel côté on est", explique la Lausannoise.

Des toasts figés

A côté des dessins, Lucie Kohler expose également des sculptures, et notamment des toasts en céramique.

Lucie Kohler, "Toast visage olive", 2024. [RichterBuxtorf]
Lucie Kohler, "Toast visage olive", 2024. [RichterBuxtorf]

"C'est venu un peu comme une blague pour être très honnête. J'ai une amie qui, pour faire manger des légumes à ses jeunes enfants, leur faisait des espèces de tableaux avec les légumes. (...) Et quand j'ai dû réfléchir à cette exposition avec une thématique sur la fin du monde, l'apocalypse, la catastrophe, je me suis dit: 'je vais faire de la fausse nourriture en céramique et je vais questionner notre rapport à la nourriture et à la fin du monde en même temps'".

Propos recueillis par Anne Laure Gannac

Adaptation web: mh

Lucie Kohler, "Something is cooking", Espace RichterBuxtorf, Lausanne, jusqu'au 12 décembre 2024.

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