Wim Delvoye expose son "Ordre des choses" au Musée d'art et d'histoire de Genève
Des buts de football garnis de somptueux vitraux, une bétonneuse en bois précieux plus vraie que nature ou encore le fameux "Cloaca", cette machine qui reproduit le système digestif et fabrique des étrons à la chaîne: toutes ces oeuvres sont le fruit du travail de l'artiste plasticien belge contemporain Wim Delvoye (1965).
A Genève, le Musée d'art et d'histoire (MAH) lui a offert une carte blanche pour exposer son travail qui mélange avec beaucoup d'humour profane et sublime, tradition et moyens high-tech. L'artiste flamand tire de sa plongée dans les nombreuses collections du musée genevois de savoureux contrastes.
Une collection d'opercules de Vache qui rit
Wim Delvoye est un immense collectionneur. Au MAH, on peut notamment découvrir sa fabuleuse collection d'étiquettes rondes de La vache qui rit, qu'il met en dialogue avec des pièces de monnaie et des médailles aussi circulaires que ses vignettes fromagées. En faisant dialoguer des objets nobles et des étiquettes sans valeur, il questionne aussi la valeur de la passion. Car la fougue que l'on met à collectionner n'est-elle pas justement ce qu'il y a de plus précieux?
Pour le directeur du Musée d'art et d'histoire de Genève, Marc-Olivier Wahler, l'exposition proposée par Wim Delvoye permet de découvrir "une figure extraordinaire et reconnue de l'art contemporain, mais aussi un collectionneur passionné qui s'intéresse à tout", souligne-t-il dans l'émission Vertigo du 25 décembre 2023.
Un immense circuit de billes
L'exposition n'est pas dénuée d'humour, tout en multipliant les interrogations activées par le double mouvement que proposent les oeuvres, attraction-répulsion, trivial-précieux, culturel-populaire. L'artiste a par exemple demandé à des experts artisans iraniens de travailler la surface métallique d'une valise, d'un extincteur ou encore d'une Lamborghini dans la salle des armures du musée, mettant en valeur plusieurs traductions plastiques d'un besoin humain fondamental, celui d'assurer son intégrité physique.
La pièce de résistance de l'exposition réside en un gigantesque circuit dont les billes métalliques traversent des copies d'oeuvres dans un bruit infernal. Une façon pour l'artiste de réveiller le regard: ce geste très subversif nous force en effet à regarder, alors que nous passons souvent sans voir véritablement les œuvres que nous côtoyons le temps d'une exposition. "L'ordre des choses" de Wim Delvoye nous invite dans tous les cas à changer notre rapport au monde par un travail sur les objets que notre regard méprise ou néglige. En faisant disparaître la hiérarchie entre les objets, l'artiste incite à tisser des liens.
Sujet radio: Florence Grivel
Adaptation web: mh
Wim Delvoye, "L'ordre des choses", Genève, Musée d'art et d'histoire, jusqu'au 16 juin 2024.