Des oeuvres d'art saisies à des mafieux réunies dans une exposition à Milan
Recycler de l’argent en achetant des grands noms de l’art moderne et contemporain, c’est ce que font certains mafieux ou groupes criminels en Italie. A Milan, une exposition gratuite intitulée "SalvArti, des confiscations aux collections publiques" permet d'admirer des œuvres saisies par la justice.
Quelques trésors de l'histoire de l'art
Ainsi de cette petite lithographie à l’encre de Chine du surréaliste Salvador Dali intitulé "Romeo et Juliette" qui était suspendue au mur de la cuisine du "roi du poker", un mafieux de la 'Ndrangheta condamné pour extorsion, ou de cette incroyable huile sur toile du maître italien de Chirico, "Piazza d'Italia", accrochée dans le couloir.
Parmi les centaines de tableaux saisis en Calabre dans l’appartement du "roi du poker", on trouve celles d'autres grands noms de l'histoire de l'art dont comme Lucio Fontana et ses toiles découpées ou encore Antonio Ligabue et ses animaux.
Tous les tableaux de l'exposition ont une histoire. C'est en effet en 2016 que les carabiniers italiens mettent la main sur ce trésor artistique acheté pour blanchir l’argent sale de la criminalité organisée. "Pour transporter des gros chargements de drogue, il faut des camions entiers, alors que pour transporter des tableaux qui valent parfois 30, 40 ou 50'000 euros pièce, il suffit d’une boîte de petite dimension", explique dans le 19h30 du 14 janvier le colonel Paolo Befera, responsable des opérations au sein des Carabiniers du patrimoine.
Trois millions d'oeuvres saisies en cinquante ans
En cinquante ans, ces enquêteurs spécialisés ont récupéré trois millions d’oeuvres d’art. Si l’archéologie forme la part du lion, l’art contemporain n’est pas en reste. "Si on réussit à démontrer que ces oeuvres sont le fruit du blanchiment d’argent et du réinvestissement criminel, alors on peut les placer sous séquestre. Et quand on les rapporte là où elles ont été trouvées, c’est comme si on remettait en place un morceau d’histoire", indique encore le colonel Paolo Befera.
A Milan, le public peut donc admirer ces oeuvres qui décoraient les murs des maisons des mafieux. Des pièces originales d’Andy Warhol, Christo, Arman et même de Keith Haring saisies en 2013 par le tribunal de Rome à un réseau international de blanchiment complètent l'exposition. Toutes symbolisent désormais la résistance au crime.
Sujet TV: Valérie Dupont
Adaptation web: olhor
"SalvArti, des confiscations aux collections publiques", Palazzo Reale, Milan (IT), jusqu'au 26 janvier 2025; puis au Palais de la culture, Reggio de Calabre, du 8 février au 27 avril 2025.