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L'hommage de Picasso à sa femme Jacqueline

Picasso et son épouse Jacqueline (gauche) à Vallauris en 1961. [AP/Keystone]
Ce que Picasso doit à Jacqueline / Les matinales d'Espace 2 / 8 min. / le 21 juin 2016
La fondation Gianadda à Martigny présente "L'œuvre ultime. Hommage à Jacqueline", une riche exposition consacrée aux dernières années de la vie de Pablo Picasso et à sa relation avec sa dernière compagne, Jacqueline Roque. La critique de Nicolas Pahlisch.

Les vingt dernières années de la carrière de l'artiste sont un véritable hymne à l'amour, à la création, à la sensualité. L'exposition montre à quel point la création ultime de Picasso se révèle grâce à Jacqueline, qui lui a servi de modèle et de référence. Peintures, dessins, sculptures, gravures et céramiques constituent les preuves de l'attachement de Picasso à sa compagne de vie.

Une sensation d'exploration extrême de la sensualité et de la sexualité, telle pourrait être l'image qui se dégage de cette exposition. Picasso et Jacqueline, c'est la fusion du  peintre et du modèle. L'exposition le montre bien, puisqu'elle réunit à la fois le regard du peintre et celui photographique de sa femme, qui s'est donné la mort il y a 30 ans.

Sensualité sauvage entre un peintre et sa muse

Picasso rencontre Jacqueline en 1952, elle a 26 ans, lui 72.  Elle va devenir sa femme, sa muse. "Elle a le don de devenir peinture à un degré inimaginable", dit Picasso d'elle.

Pour Picasso, Jacqueline ressemble à une des femmes peintes par Delacroix dans "Les femmes d'Alger". Il va en faire une série d'études. Il fait aussi référence à Rembrandt. À ce moment de sa vie, il va oser le trivial avec "La pisseuse", une femme en train d'uriner sur la plage. Pourquoi Rembrandt? Parce que pour Picasso, le peintre hollandais et sa femme Saskia avaient le même rapport de peintre à modèle que lui et Jacqueline: complicité, intimité sans pudeur inutile et une certaine manière de vivre sans préjugés.

Après ces références à la peinture, il s'attache au thème du peintre et de son modèle. En 1963, Jacqueline figure 160 fois dans la production de l'artiste.

Le tendre regard de Jacqueline sur Pablo

Le regard de Jacqueline est aussi présent dans l'exposition, par une importante série de photos qu'elle a prises lors de leur vie commune. Picasso se fait acteur de leur relation amoureuse, grâce à des mises en scène un peu guimauve.

Une très belle exposition qui montre un autre Picasso, que l'on connaît moins, mais qui n'a rien perdu de sa fougue. À ce titre, ne manquez pas "La Célestine", une série de 70 petites gravures tirées sur une seule page, qui racontent, presque comme une BD, les enjeux du corps féminin nu sous l'œil des hommes. Ça date de 1968 et en pleine libération de la femme, Picasso fait preuve d'une certaine ironie.  A découvrir du 18 juin au 20 novembre 2016.

Nicolas Pahlisch/mcc

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