"Les gens viennent de partout pour marcher vers nulle part. Pas pour faire du shopping, pas pour rencontrer des amis. Ils ne font que marcher, vers nulle part", s'est émerveillé cette semaine l'artiste américain d'origine bulgare.
Souvent pieds nus pour mieux ressentir le mouvement, venus en voisins et du monde entier, en fauteuil roulant ou tenant un chien en laisse, les visiteurs ont en effet afflué en masse pour cette expérience étrange promise par Christo: marcher sur l'eau.
Les trois kilomètres de "Floating Piers" (pontons flottants) recouverts d'un tissu jaune tournant à l'orange qui contraste avec le vert sombre du lac, rejoignent l'île de Monte Isola et celle, toute petite, de San Paolo.
100'000 visiteurs par jour
Les structures faites de 200'000 cubes de polyéthylène entièrement recyclables, reliés entre eux par 200'000 vis géantes, ont ouvert le 18 juin. Elles ambitionnaient de voir défiler 25'000 personnes par jour en semaine et 40'000 le week-end, soit un demi-million en 16 jours.
Mais selon la préfecture, la moyenne s'est plutôt située autour de 100'000 par jour, avec des pics à 120'000 le week-end.
Il a souvent fallu limiter les navettes reliant les parkings et suspendre les trains au départ de Brescia, la principale ville la plus proche, au risque de bloquer des milliers de personnes à la gare pour éviter que les files s'allongent trop sur la rive.
Des coûts qui dépassent les retombées?
Comme pour chaque oeuvre de Christo, qui avait emballé le Pont-Neuf à Paris ou le Reichstag à Berlin, la visite était gratuite. L'installation, qui a coûté 15 millions d'euros, a été financée par la vente de dessins et maquettes préparatoires.
Mais cela ne prend pas en compte le coût des opérations de nettoyage après l'afflux des touristes et les frais engagés pour assurer la sécurité du public.
Selon l'organisation de consommateurs Codacons, ces coûts risquent de dépasser largement les retombées économiques du projet.
ats/tmun
Fermeture nocturne ordonnée
Alors que Christo promettait une expérience sensorielle unique de jour comme de nuit, la préfecture italienne a ordonné au bout de quelques jours une fermeture de minuit à 6h, afin de permettre le nettoyage de Monte Isola et de faciliter la manutention des pontons.
Il a fallu aussi installer dès le 4e jour un poste médical avancé, pour traiter essentiellement les malaises liés à la foule et à l'attente en pleine chaleur. Au total, des dizaines d'interventions chaque jour, dont certaines ont nécessité une hospitalisation.